De nombreux pharmaciens ont du mal à digérer la baisse du prix des tests Covid, entérinée le 1er avril. Alors que des appels à la grève sont lancés au niveau local, la profession se demande comment elle va pouvoir s'adapter.
Même si on la savait inéluctable depuis plusieurs semaines, la baisse du prix des tests antigéniques est tombée comme un coup de massue pour de nombreux pharmaciens. « Davantage que la baisse du prix en elle-même, c'est la différence de prise en charge selon les professionnels qui choque », explique Pierre-Olivier Variot. Le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) voit la colère monter sur le terrain. Au niveau local, la riposte s'organise. « En Île-de-France, dans la Drôme, en Ardèche, dans le Sud… des actions sont évoquées et des appels à la grève ont été lancés », confirme-t-il. Ce lundi soir, le sujet sera abordé par le syndicat lors d'une réunion. « Les vacances arrivent bientôt et il est déjà certain que les pharmaciens ne pourront pas embaucher de personnel supplémentaire si besoin », précise Pierre-Olivier Variot.
Sur les réseaux sociaux, des officinaux affirment qu'ils ne comptent pas en rester là. Cette baisse du prix des tests antigéniques (TAG), appliquée alors même que le nombre de tests réalisés en officine est reparti à la hausse depuis une quinzaine de jours, ne doit pas rester sans réponse, selon eux. « Une action coordonnée est-elle dans les tuyaux à partir d'aujourd'hui ? Ou se laisse-t-on faire comme d'habitude ? », se demande un pharmacien courroucé sur Facebook. « Le problème, c'est le manque de respect pour la profession », s'offusque un confrère. « On n'a pas à être rémunérés moins que les autres, c'est anormal et injuste » ; « On se fait plumer »…, peut-on lire parmi les commentaires. Pour certains officinaux, la baisse voulue pour les autorités sanitaires sonne comme une insulte, un manque de considération pour leur investissement depuis le début de la crise sanitaire.
Cependant, pour Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), faire grève contre cette décision n'a aucun sens. « On fait grève contre quelque chose de pérenne. Là, il s'agit d'un dispositif mis en place dans le cadre de l'état d'urgence. Il a vocation à s'arrêter un jour (en juillet) et repose sur la base du volontariat », rappelle-t-il. « À titre personnel, j'incite les pharmaciens à continuer à tester les patients, mais si certains estiment qu'ils ne peuvent plus les proposer au vu des prix imposés, ils peuvent parfaitement arrêter. » Le président de la FSPF ne comprend pas non plus pourquoi certains se disent choqués par les différences de prix appliqués selon les professionnels. « Les écarts n’excèdent pas quelques centimes, mais la différence est que nous, contrairement aux autres, devons acheter le matériel. En revanche, ce qui pose vraiment problème pour moi, c'est qu'il nous est désormais impossible d'acheter des tests de marque française », regrette Philippe Besset.
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