CE DÉTAIL n’échappe pas au voyageur qui traverse un pays du Sud. Il n’y a pas de route. Les gens marchent pieds nus dans la poussière. Mais parfois avec un téléphone collé à l’oreille. Sur les 4 milliards de téléphones mobiles du monde, 64 % sont utilisés dans les pays émergents ; 2,5 milliards de mobiles contre 305 millions d’ordinateurs. Avantage au mobile. Trois fondations (Rockefeller, UN Foundation, Vodafone) ont donc lancé l’an dernier à Barcelone, la mHealth Alliance pour encourager le développement des applications de santé mobile, spécialement dans les pays en développement.
De la campagne de vaccination soutenue par SMS (Short Message Service) à la transmission de données, les idées ne manquent pas. Orange participe, par exemple, avec le fabricant de puces électronique, Qualcomm, à un projet de télédermatologie mobile en partenariat avec la faculté de médecine de l’université Al Azhar, en Égypte. La population n’a pas les moyens de se déplacer chez le dermatologue (250 livres égyptiennes la consultation). Elle se rend au dispensaire (15 livres la consultation), qui envoie une photo prise avec un téléphone mobile (un capteur de 5 mégapixels suffit) équipé d’un logiciel spécifique vers un site Web sécurisé (telederm.org) accessible au dermatologue de la faculté.
Le premier projet pilote mené dans la banlieue du Caire avec deux séries de 30 patients est concluant : dans 80 à 90 % des cas, la visite chez le spécialiste est évitée. L’expérience va s’étendre à Assouan. « La difficulté, c’est ensuite d’avoir un bilan médico-économique pérenne qui ne s’effondre pas à l’échéance du soutien financier », explique Hervé Algrin, directeur du développement d’Orange Healthcare. Ainsi, dans le projet Pesinet, soutenu par la fondation Orange Mali (ainsi qu’Alcatel-Lucent et BNP Paribas, côté français), les familles s’engagent à payer chaque mois un abonnement à faible coût pour disposer d’un service de surveillance médicale de leur enfant à partir du suivi de leur poids. Un agent de pesée fait la tournée des villages une à deux fois par semaine (les nourrissons sont pesés deux fois) avec sa balance et les données sont envoyées par mobile au médecin de référence. Celui-ci renvoie si nécessaire un bon pour le dispensaire. Un système très simple, intégré à l’environnement sanitaire local, qui permet une détection et un traitement précoce des maladies.
Quant à l’éducation sanitaire, il suffit de la rendre ludique. En Ouganda, un quiz sur le sida a été envoyé par SMS. Les gagnants recevaient des minutes de forfait gratuites. Les centres de dépistage n’ont jamais été aussi fréquentés que pendant cette période. Ce ne sont là que quelques exemples par?mi une foule de projets, qui incluent la mise en place de centres d’assistance téléphonique médicaux. Il existe déjà des forfaits Village Phone pour un abonnement par village.
Télésurveillance et maintien à domicile.
Dans le monde occidental, le mobile est appelé à la rescousse dans un tout autre contexte, celui de la maîtrise des dépenses de santé et du vieillissement de la population. La presse a beaucoup parlé de Diabeo, qui contribue à la surveillance et à l’éducation thérapeutique des diabétiques en utilisant un smartphone. Orange participe aussi en Espagne à un télésuivi des patients diabétiques et obèses avec la clinique universitaire de Navarre ; un smartphone est connecté par liaison sans fil (Bluetooth) au glycomètre, à la balance, au tensiomètre, et les données sont envoyées à la clinique sur un serveur sécurisé.
Pour le maintien à domicile, nos opérateurs nationaux ont déjà lancé des services : l’option Téléassistance Mobile chez Orange, en partenariat avec Mondial Assistance (à partir de 7 euros/mois) et l’option Assistance Santé Mobile 24 heures sur 24 chez SFR, en collaboration avec la société H2AD et sa plate-forme médicalisée et Europe Assistance (14,90 euros/mois). Le principe est peu différent : un bouton d’urgence sur un téléphone simple à utiliser pour obtenir une assistance médicale et/ou des services confort. Ciblé senior, le service peut aussi intéresser les mères de familles.
« Le maintien à domicile fait partie des enjeux pour lesquels nous nous impliquons fortement et l’arrivée des tablettes communicantes devrait faciliter l’accès de nombreux services aux seniors », souligne Jean-Marie Dunand, à la direction générale de l’innovation de SFR. SFR est partenaire du service Tél. & âge, dans le cadre du portail Proxima Mobile qui sera lancé le 18 février par Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’État à l’Économie numérique.
Bien-être à tout âge.
Autre axe de développement pour la téléphonie mobile : le coaching, une tendance sociétale qu’Orange a inscrit sur son site grand public Tendance santé. L’App Planet, vedette cette année du « Mobile World Congress », s’étend à toute allure. Votre mobile vous aide à maigrir, à arrêter de fumer, à vous entraîner pour le marathon et à ne pas oublier de prendre vos médicaments. Système d’alarme discret et abordable (0,79 euro), iPilule veut faire passer la pilule. Il est traduit en sept langues et ce sont des Français qui l’ont imaginé. Quel dommage que les possesseurs d’iPhone soient en majorité des hommes !
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