Opération Rancho dans les pharmacies du Maine-et-Loire

Asthme sous contrôle

Par
Publié le 26/01/2017
Article réservé aux abonnés
Conforter le rôle du pharmacien d’officine dans la prise en charge du patient asthmatique, tel est le défi du projet d’éducation thérapeutique angevin intitulé Rancho.

Les pharmaciens d’officine du Maine-et-Loire sont invités à participer à une expérimentation inédite, destinée à améliorer le repérage des patients adultes asthmatiques non contrôlés à l’officine (Rancho).

Ce projet est né du constat suivant : en France, le nombre de patients asthmatiques ne cesse d’augmenter (4 millions recensés en 2016). Or, pour un tiers des patients, la maladie n’est pas contrôlée et est à l’origine de crises d’asthme sévère pouvant conduire au décès. Plus alarmant, certains patients minimisent leur pathologie, par méconnaissance de leur traitement et/ou des signes de gravité.

Pneumologues, médecins généralistes, pharmaciens d’officine, tous se sont réunis sous l’égide du Pr Sébastien Faure (UFR de pharmacie d’Angers) pour réfléchir à optimiser la prise en charge. La place du pharmacien d’officine s’est révélée naturellement incontournable dans le parcours de soins des asthmatiques insuffisamment contrôlés. Grâce à sa disponibilité et sa proximité, le pharmacien joue le rôle de médiateur entre le patient et les médecins, généralistes comme spécialistes.

Entretien pharmaceutique

S’inscrivant ainsi dans une démarche d’éducation thérapeutique à l’officine, le protocole Rancho comprend les phases essentielles de repérage, d’entretien et d’évaluation. Lors de la délivrance d’un traitement antiasthmatique, le pharmacien propose au patient un questionnaire d’évaluation de l’asthme (Asthma Control Test). Si le résultat est inférieur à 15, l’asthme est jugé mal contrôlé. S’ensuit l’entretien pharmaceutique permettant de vérifier la bonne utilisation des dispositifs d’inhalation et l’observance des traitements. Au terme de la séance, le pharmacien informe le médecin généraliste des résultats aux tests réalisés à l’officine afin d’améliorer, si besoin, la prise en charge du patient.

Si persistent des problèmes de manipulation ou d’observance, des séances d’éducation thérapeutique à l’officine peuvent être également programmées.

Au prochain passage à la pharmacie, un nouveau test ACT est proposé au patient afin d’évaluer le contrôle de sa maladie, depuis l’entretien ou la modification du traitement par le médecin.

Soucieuse d’assurer la réussite du projet, l’équipe Rancho a réalisé une étude de faisabilité au printemps 2016 au sein de 13 pharmacies volontaires. En ressortaient la bonne participation des patients asthmatiques et la facilité de proposer le test ACT au comptoir. Le manque de communication des résultats avec les médecins était en revanche soulevé par les pharmaciens. Un des enjeux de Rancho est donc de renforcer les liens entre les professionnels de santé afin de les convaincre, y compris les pharmaciens eux-mêmes, de leur rôle fondamental dans le repérage des patients non contrôlés.

L’étude Rancho compte de nombreux partenaires, dont l’URPS des pharmaciens libéraux des Pays de la Loire, l’Ordre des pharmaciens, le département de médecine générale de la faculté de médecine, les services de pneumologie du CHU d’Angers et de la clinique Saint-Joseph de Trélazé, sans oublier l’Assurance-maladie, les entretiens pharmaceutiques étant rémunérés selon la Convention nationale pharmaceutique.

Pour participer, ne reste qu’à s’inscrire sur le site de l’UFR de pharmacie d’Angers pour recevoir le protocole et le « kit de repérage ». Premiers résultats attendus fin 2017.

Domitille Darnis

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3320