L’ARRÊT CARDIAQUE inopiné ou mort subite cardiaque est un problème de santé publique, « mais sa réalité en France reste mal connue, a rappelé le Pr Laurent Argaud. Il concernerait de 35 000 (en extrapolant les données du grand Paris) à 50 000 personnes par an, dont seulement 15 000 arriveraient vivants à l’hôpital et 1 000 seraient encore vivants sans séquelles un an après ».
Si des progrès ont été réalisés, notamment depuis l’introduction du concept de chaîne de survie au début des années 1990, le pronostic des arrêts cardiaques reste très sombre.
Deux grands facteurs pronostiques sont reconnus : le rythme cardiaque initial, le pronostic étant meilleur en cas de rythme chocable, et le délai du no-flow ou low-flow. Les taux de survie sont meilleurs lorsque le no-flow est inférieur à 5 minutes et le low-flow inférieur à 15 minutes.
La prise en charge préhospitalière doit ainsi être active dès les premières minutes, le principe de la réanimation cardiopulmonaire étant de pousser vite et fort, à raison d’au moins 100 battements par minute, avec une dépression de 5 à 6 cm.
Malgré de nombreuses controverses, l’adrénaline, administrée toutes les 3 à 5 minutes, reste la drogue indiquée dans la prise en charge préhospitalière. Les études réalisées versus vasopressine n’ont pas démontré de bénéfices pour ce dernier vasopresseur.
« L’adrénaline n’est pas un médicament miracle, mais elle fait partie des recommandations, estime le Pr Argaud. Une étude (1) suggère toutefois que la qualité de la réanimation semble plus importante, en termes hémodynamiques, que l’adrénaline ».
Deuxième drogue utilisée chez les patients réfractaires : l’amiodarone.
Syndrome post-arrêt.
À l’hôpital, les progrès techniques sont nets, mais on déplore de nombreux décès par syndrome post-arrêt cardiaque, qui associe lésions cérébrales, dysfonction myocardique, syndrome d’ischémie-reperfusion systémique et persistance de la pathologie causale.
La moitié des décès sont dus à des lésions neurologiques et un quart sont la conséquence de l’état de choc cardiogénique. « Les lésions cérébrales apparaissent rapidement, puis évoluent au cours des sept premiers jours, ce qui laisse la place à des mesures protectrices », a indiqué le Pr Argaud. Pour le clinicien, toute la difficulté est de déterminer quels patients vont se réveiller, en s’appuyant sur des critères cliniques, électro-encéphalographiques et sur les potentiels évoqués somesthésiques.
Au niveau cardiaque, on observe une sidération post-arrêt, facteur de surmortalité, tout comme le nombre de chocs et la dose d’adrénaline.
Plus de trois-quarts des patients ont une lésion coronaire, qui implique de réaliser très vite une angioplastie.
L’arrêt cardiaque est un modèle de syndrome d’ischémie-reperfusion systémique et tous les organes le subissent. Trente pour cent des décès surviennent par défaillance multiviscérale. De ce fait, la réanimation des défaillances d’organes est essentielle dans la prise en charge post-arrêt cardiaque.
Il faut enfin noter l’effet délétère de l’hyperthermie. Le pronostic est meilleur chez les patients qui n’ont pas d’hypothermie précoce ni à 48 heures. Toutefois, plusieurs questions restent en suspens quant à l’application de l’hypothermie : pour quels patients, dans quels délais et pour quelle cible : 32°C, 34°C ou, selon une étude récente 36°C.
« Améliorer la prise en charge de l’arrêt cardiaque repose sur un ensemble de petites choses. "Appeler, masser, défibriller" est un message simple qui peut être mieux appliqué », a conclu le Pr Argaud.
(1) Pytte M et al, Resuscitation 2006;71(3) :369–78.
Dans les Alpes-Maritimes
Dépistage du VIH : une expérimentation à l’officine
Marché de l’emploi post-Covid
Métiers de l’officine : anatomie d’une pénurie
Près de 45 fois plus de cas en 2023
Rougeole : l’OMS appelle à intensifier la vaccination en Europe
Pharmacien prescripteur
Après les vaccins, les antibiotiques