Depuis quelques mois, le transfert de la pharmacie Labarre à Nexon (« Le Quotidien » du 3 septembre 2018), du centre-bourg vers le parking d’une grande surface, route la Meyze, défraie la chronique en fonction des décisions et jugements contradictoires de l’administration et des tribunaux. Depuis le début de cette affaire en 2014, que nous subissons, nos entreprises, nos personnels et nous-mêmes, nous nous sommes abstenus de faire des déclarations publiques dans la presse ou sur les réseaux sociaux. Nous nous en sommes simplement remis à la Justice. Compte tenu de l’évolution du dossier et d’une nouvelle autorisation de transfert récemment délivrée à la société SARL Pharmacie Labarre par l’Agence régionale de Santé de Nouvelle-Aquitaine et des différentes informations délivrées dans la presse, il nous semble important et utile d’apporter certaines précisions.
En France, les implantations de pharmacies, leurs transferts éventuels doivent répondre à des conditions parfaitement encadrées par la Loi. Il doit en particulier exister une population suffisante à desservir dans le lieu projeté. Le législateur a prévu également que la population de passage, sur un supermarché par exemple, ne peut pas être prise en compte. Ces dispositions visent uniquement à assurer une répartition cohérente et un accès pharmaceutique le plus adapté possible à un maximum de personnes en installant les officines là où résident les habitants. Globalement, cette législation a permis de conserver jusqu’à aujourd’hui un réseau de pharmacies équilibré sur l’ensemble du territoire y compris dans des localités modestes souvent, comme c’est le cas à Nexon et dans les communes environnantes, en correspondance avec un pôle de santé structuré (médecins, infirmiers, kinés…).
Cette nouvelle décision des services de l’État est difficilement compréhensible, tout comme le sens des interventions politiques dans ce dossier. L’impact du transfert avec le déplacement brutal de la zone de chalandise de cette pharmacie, pendant sa période d’ouverture de décembre 2015 à septembre 2017, a été réel sur les pharmacies rurales voisines et dans certains cas très lourd, la question de la survie de certaines d’entre elles, se posant désormais. Ne nous voilons pas la face, si ce transfert auprès de ce supermarché est maintenu, cela entraînera inéluctablement à moyen terme la disparition d’une ou plusieurs pharmacies rurales des environs, supprimera les emplois qui y sont liés dans ces communes, créera un désert pharmaceutique et conduira au déclin du ou des pôles de santé correspondants. Favoriser, comme le fait l’État dans ce dossier, la grande distribution au détriment des commerces et services de proximité qui fonctionnent et démontrent chaque jour leur efficacité et utilité peut être ressenti une nouvelle fois comme un coup porté contre le monde rural. Il s’agit donc bien ici d'une essentielle question d'aménagement du territoire et d'équité dans l'accès aux soins.
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