L’avenir ne dit pas s’il y aura moins de pénuries de médicaments demain. Mais l’intelligence artificielle (IA) sera un outil précieux dans la gestion des ruptures d’approvisionnement. « On va utiliser des logiciels qui vont nous permettre de mieux anticiper et prévoir les commandes de médicaments en fonction de multiples critères comme l’épidémiologie, les saisonnalités, les péremptions, les temps de production, etc. Des outils qui vont nous aider aussi au niveau des stocks, pour les gérer au plus juste avec, par exemple, des drones que l’on utilise pour réaliser des inventaires dans nos entrepôts », rapporte Laure Brenas, présidente de la section C (distribution en gros).
Servons-nous de l’IA pour faciliter tout ce qui est dispensation et son contrôle car sans doute demain, elle fera mieux que nous dans cette démarche intellectuelle quotidienne
Carine Wolf-Thal, présidente du CNOP
Si l’IA est déjà installée à l’officine (téléconsultation…), elle est encore loin de remplacer l’officinal. Pour Cécile Detuncq Guérard, pharmacienne adjointe et conseillère ordinale : « Il faudra composer avec l’IA ». « Quoi qu’il arrive, ne perdons pas le sens de l’humain, de l’empathie, qui est notre ADN, alerte la présidente de l’Ordre Carine Wolf-Thal. Mais servons-nous de l’IA pour faciliter tout ce qui est dispensation et son contrôle car sans doute demain, elle fera mieux que nous dans cette démarche intellectuelle quotidienne. »
Ouverture du capital : à qui ?
La menace de la financiarisation a rythmé la journée. « On observe une financiarisation larvée avec des montages juridico-financiers de plus en plus opaques qui nous interrogent sur la détention du capital et sur l’indépendance professionnelle. Ces montages opaques auraient une incidence sur les pratiques du professionnel », constate Bruno Maleine, président de la section A (titulaires). L’Ordre insiste ainsi pour obtenir un plus grand pouvoir de contrôle, à l’inscription mais aussi tout au long de la vie des structures.
« C’est pourquoi il faut attirer les adjoints vers une prise de participation dans les officines, a répété plusieurs fois Jérôme Paresys-Barbier, président de la section D (adjoints). Tous les signaux sont au vert. C’est un besoin exprimé par les adjoints. La caisse d'assurance vieillesse des pharmaciens (CAVP) le prône aussi. Les syndicats sont d’accord pour qu’on y réfléchisse. Il faudra trouver un statut. » Et définir le niveau de participation : jusqu’à 20 % du capital ? C’est en discussion. « C’est aussi une manière de garder les jeunes. Si on ne leur propose rien, si on ne leur donne pas envie de devenir chef d’entreprise, alors ça ne fonctionnera peut-être pas », a conclu le représentant des adjoints.
Des montages juridico-financiers de plus en plus opaques nous interrogent sur la détention du capital et sur l’indépendance professionnelle
Bruno Maleine, président de la section A (titulaires)
La DAU, le sparadrap du Capitaine Haddock
En termes de nouvelles missions, « on a un boulevard aujourd’hui, s’enthousiasme Bruno Maleine. On n’est pas avare de propositions. » Oui, il y aura à l’avenir des missions supplémentaires, et pourquoi pas commencer par la prescription des substituts nicotiniques par le pharmacien ? La ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq, invitée pour la Journée de l’Ordre, a annoncé le lancement au printemps 2025 de l’expérimentation attendue depuis… 2022. « Depuis plusieurs mois, nous travaillons directement et activement avec l’assurance-maladie pour définir les modalités précises de mise en œuvre et d’évolution », a-t-elle confirmé. Il faut aussi définir les régions expérimentatrices.
Transition écologique oblige, il faudra aussi se verdir, mettre en place des procédures pour limiter les déchets, voire les livraisons. « En Normandie, une étude a été menée et des solutions où le pharmacien pourrait être actif, en lien avec les autres professionnels de santé, ont été proposées au ministère : par exemple favoriser les formes sèches, favoriser les spécialités combinées, faire des plans de prises minimalistes », rapporte Cécile Detuncq Guérard.
Si on veut faire de la dispensation à l’unité, c’est tout le système qu’il faut revoir, mais il ne faut pas demander à l’officinal de découper. C’est une question de sécurité pour le patient
Carine Wolf-Thal, présidente du CNOP
Instaurée au nom de l’écologie, la dispensation à l’unité (DAU) s’impose aujourd’hui comme solution contre les pénuries, du point de vue du gouvernement. « Je n’y suis pas favorable, insiste Carine Wolf-Thal, sous les applaudissements de la salle. Ça peut dépanner, dans les cas qui existent déjà, mais il faut bien comprendre qu’en France tout le système a été conçu autour de la délivrance à la boîte, que ce soit l’exploitant, le distributeur, le prix, l’acheminement, la sécurité du packaging… Si on veut faire de la dispensation à l’unité, c’est tout le système qu’il faut revoir, mais il ne faut pas demander à l’officinal de découper. C’est une question de sécurité pour le patient. C’est un sujet qu’il faut travailler sur l’ensemble de la chaîne. » Une démonstration que n’a visiblement pas entendue Geneviève Darrieussecq, qui continue à vouloir étendre la DAU aux moments « où ce sera nécessaire, quand il y aura des périodes de crise ou d’approvisionnement sur certains médicaments. »
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