Dans un communiqué virulent, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) critique les nouvelles conventions signées par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) avec certains opérateurs de tiers payant (Viamedis, Isanté, SpSanté…). Des accords qui pourraient coûter 18 millions d’euros au réseau selon l’USPO, ce que dément la FSPF.
Dans le cadre de ces nouvelles conventions, qui s’appliquent depuis le mois d’octobre à tous les adhérents FSPF et à tous les autres pharmaciens qui souhaitent en bénéficier, il a notamment été décidé de supprimer l'indemnité forfaitaire de 0,03 euro pour chaque facture. À la place, une indemnité de 1 euro par facture accréditée dans le cadre des rejets Visiodroit est prévue en compensation. Pour l'USPO, ce changement ne passe pas. « Avec un taux de rejet limité à 0,05 %, cette mesure divise par 60 l'indemnité globale, équivalant de fait à sa quasi-suppression », regrette le syndicat, qui évalue le manque à gagner global pour le réseau officinal à « 18 millions d’euros, soit entre 600 et 700 euros par pharmacie (…). Dans un contexte où le tiers payant et ses indus deviennent de plus en plus complexes et chronophages, l'USPO s'interroge sur les motivations de ces signatures unilatérales, qui affaiblissent la profession au lieu de la défendre. »
Cette charge violente de l’USPO n’a pas été très bien comprise par le président de la FSPF, Philippe Besset, qui tient à défendre à sa position. « La FSPF signe depuis 30 ans des conventions pour sécuriser le tiers payant avec les complémentaires. Si le tiers payant existe en pharmacie, c’est grâce à ces conventions, rappelle premièrement Philippe Besset. L’idée ici c’est de permettre une simplification pour les pharmaciens, notamment pour l’enregistrement des droits des assurés sociaux. Nous avons choisi de remplacer cette indemnité de 0,03 euro par une pénalité en cas de rejet », confirme-t-il. Pour le président de la FSPF, l’objectif derrière ces conventions est en effet de diminuer encore le nombre de rejets. « Visiodroit permet d’interroger les droits en temps réel. Ce que l’on veut c’est arriver à zéro rejet. Hors Visiodroit nous étions à un taux de rejet compris entre 5 et 7 %. Avec cet outil nous sommes à moins de 1 % de rejet et l’on devrait pouvoir arriver à zéro », prédit-il. Philippe Besset rappelle en outre que les pharmaciens non-adhérents à la FSPF ne sont bien sûr pas obligés de se plier à ce nouveau procédé. « Nous sommes ici dans du droit privé pas dans une convention qui s’applique à tous les pharmaciens même si nous avons décidé de l’ouvrir à tout le monde. Ceux qui ne veulent pas s’y référer peuvent ne pas appliquer le tiers payant ou bien négocier de leur côté leur propre convention avec les complémentaires ». Il conteste enfin le chiffre de 18 millions d’euros de perte sèche pour le réseau avancé par l’USPO. « Cette estimation est selon moi erronée et n’a pas lieu d’être. Il faut aussi prendre en compte le fait que ne plus gérer ces rejets représente un gain de temps colossal. La position générale de l’USPO sur ce sujet, je ne la comprends pas », confie Philippe Besset.
Autant d’arguments qui ne suffisent toutefois pas à convaincre Pierre-Olivier Variot. « Améliorer le tiers payant, je suis parfaitement d’accord avec ça mais pourquoi opposer les deux sujets ? Ce que je ne veux pas, c’est que l’on soit contraint à des recherches comptables fastidieuses. Pour les indemnités de 0,03 euro pour chaque facture, c’était automatisé, on télétransmettait et c’était ensuite multiplié selon le nombre de factures. Là, il faut faire une vérification sur chaque facture accréditée dans le cadre des rejets Visiodroit et envoyer en fin d’année un récapitulatif avec toutes les factures… Aucun pharmacien ne voudra faire cela », affirme le président de l’USPO, qui campe sur ses positions.
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