L'interdiction des ventes en ligne de médicaments de prescription, qui viserait avant tout à empêcher les pharmacies virtuelles hollandaises de continuer à opérer en Allemagne en proposant des rabais, n’a aucune chance, selon le gouvernement allemand, d’être acceptée par la justice européenne. Pour cette raison, le ministre de la Santé a proposé, en contrepartie, de mettre en place une rémunération des nouveaux services, dans le cadre d’une loi dite « de renforcement des officines » (VOASG), actuellement en préparation.
Si Friedemann Schmidt, président de l’association fédérale des pharmaciens, l’ABDA, et son bureau ont souscrit à cette proposition, c’est loin d’être le cas d’une grande partie de la « base » des pharmaciens, dont beaucoup, y compris des fédérations régionales entières, se sont élevés contre lui ces derniers mois. En raison de cette opposition virulente, le congrès risquait de s’achever par un véritable « schisme » entre les deux tendances, schisme finalement évité au prix d’un compromis assez laborieux : les pharmaciens chargent l’ABDA de continuer à négocier une réforme des rémunérations, mais réaffirment que le maintien du prix unique, c’est-à-dire l’interdiction des rabais sur les prescriptions en ligne « constitue la meilleure mesure pour garantir l’avenir des officines ». L’exigence devient donc un souhait, mais il est vrai que les pharmaciens n’avaient plus le choix : venu débattre avec eux la dernière après-midi du congrès, le ministre de la Santé leur a littéralement mis le couteau sur la gorge : « si vous n’acceptez pas mon projet de réforme, y compris le refus d’interdire les ventes de prescription en ligne, j’arrête tout et vous risquez de vous retrouver dans une position bien plus délicate dans un an ou deux », leur a-t-il dit. Le ministre a, de plus, décidé de passer outre un vote du Bundesrat, la Chambre Haute du Parlement où siègent les régions (comme notre Sénat) interdisant les ventes en ligne de médicaments de prescription, vote salué par les pharmaciens opposés à ces ventes et qui ont tenté, sans succès, de s’en servir pour appuyer leur argumentation.
Finalement, les pharmaciens ont donc refusé de « s’écharper en public », comme l’a noté poétiquement le vice-président de l’ABDA, Mathias Arnold, mais certaines plaies mettront sans doute du temps avant de se refermer. Reste maintenant à définir plus précisément quels nouveaux services viendront compléter la rémunération des pharmaciens dans la nouvelle loi… alors même que leur liste n’est actuellement pas arrêtée.
Selon les négociateurs de l’ABDA, ces services seront axés sur les soins à domicile et les patients les plus vulnérables, et seront pris en charge de manière obligatoire par toutes les caisses, pour tous les pharmaciens. Ils concerneront notamment les plans de médications et le bon usage des médicaments, le suivi de certaines affections chroniques, des actes de prévention, dont la prise de glycémies, et seront financés par un « fonds », lui-même alimenté par une augmentation de 20 centimes par boîte de médicaments prescrits. La vaccination est exclue, en raison de l’opposition absolue des médecins à cette mesure. Les détails devraient être connus dans les mois à venir, avec une éventuelle entrée en vigueur de la future loi en fin d’année prochaine.
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