C'est un principe actif aux vertus ancestrales qui fonde la formule d'Oxyboldine. La boldine est en effet issue du Boldo, une espèce d'arbre originaire du Chili et du Pérou. Ses feuilles séchées sont utilisées depuis le XIXe siècle en Amérique du Sud pour traiter les troubles du foie, de la vésicule biliaire et de la prostate, ainsi qu'une foule d'autres petites affections. Alcaloïde aux propriétés cholérétiques et cholagogues, la boldine augmente la sécrétion biliaire du foie tout en facilitant la digestion et stimule la libération de la bile présente dans les voies biliaires extra-hépatiques et dans la vésicule. Elle agit aussi sur le transit intestinal. Encore aujourd'hui, il n'est pas rare de trouver des familles brésiliennes qui conservent un pied de Boldo à domicile pour leur traitement personnel.
Pour toutes ces raisons, la plante prodigue en boldine retient l'attention de la Coopération pharmaceutique française qui l'utilise, au tout début du XXe siècle, pour formuler une spécialité que le laboratoire nomme Oxyl. Lancée en 1909, la formule au statut de médicament se destine à traiter les troubles digestifs d'origine diverse, en particulier les dyspepsies (lenteur à la digestion, ballonnements), gastrites et toute manifestation entraînée par la congestion de la cellule hépatique.
Large indication
Présenté sous la forme de comprimés effervescents à utiliser en prévention ou en traitement des symptômes, Oxyl est alors dosé à 0,0096 mg de boldine, mais contient aussi du sulfate de sodium et du phosphate monosodique. Sa composition additionnée d'anis restera inchangée, si ce n'est le dosage en boldine que Cooper portera par la suite à 0,500 mg afin de renforcer l'efficacité de sa spécialité. Son nom va également se transformer pour adopter, en 1960, celui d'Oxyboldine, faisant ainsi une référence appuyée à son principe actif à chaque fois que la marque est évoquée.
Fortuite ou stratégique, cette démarche va porter ses fruits, contribuant à asseoir chaque jour un peu plus la notoriété du médicament. Le statut de produit remboursé, dont Oxyboldine bénéficie de 1931 à 1971, participe aussi à son aura, tout comme son indication large : traitement d'appoint des troubles dyspeptiques. Si bien que la formule atteint rapidement la seconde place du marché OTC des troubles de la digestion, un univers qui abrite pas moins de 70 acteurs. Tous entendent répondre à une demande qui, en matière de difficultés à digérer, est particulièrement forte. Mal identifiés, souvent confondus avec des brûlures ou des ballonnements, les symptômes qui en témoignent sont multiples et toucheraient un quart de la population en France. Ils résultent d'un apport excessif en graisses, en sucres ou en quantité qui perturbent l’équilibre de l’organisme. S'ensuivent des manifestations, souvent résumées par une difficulté à digérer et une impression de lourdeur de l’estomac après le repas, qui vont en s'amplifiant.
Concrètement, les symptômes peuvent prendre la forme d'une langue blanche et chargée, de nausées, de sueurs, de douleurs au niveau du foie ou de l’estomac, d'aérophagie, ou même d'un début de migraine. Ces troubles traduisent les difficultés qu'éprouvent le foie et la vésicule biliaire à faire leur travail. Littéralement débordés, les organes ne suivent plus. La bile, qui a pour fonction d’émulsifier les graisses pour faciliter leur absorption au niveau de l’intestin, n’est plus libérée en quantité suffisante. La vésicule biliaire cherche alors à fabriquer davantage de sels pour faciliter l’assimilation des excès alimentaires. Sa contraction brutale les libère dans le duodénum mais peut provoquer des douleurs localisées au côté droit. En outre, l’extrémité inférieure de l’estomac a tendance à se fermer sous l’action de la trop grande quantité de sucs gastriques, ce qui retient les aliments plus longtemps. La progression du bol alimentaire s'en trouve ralentie et la digestion devient alors lente et douloureuse.
Un Français sur quatre
Ce sont des femmes entre 35 et 64 ans qui témoignent le plus vivement de ces troubles digestifs. Promptes à établir leur propre diagnostic, elles ont aussi recours à l'armoire à pharmacie pour se soigner et sont très fidèles à leur marque. C'est à ces patientes, mais aussi à tous les adultes confrontés aux problèmes de digestion difficile, que s'adresse Oxyboldine. À tous, la marque promet de faire oublier les petits excès de table, mais aussi les conséquences de mauvaises habitudes alimentaires (repas copieux, pris trop rapidement…). Elle s'adresse à eux par le biais de campagnes de communication régulières. Certaines d'entre elles, particulièrement visuelles, n'ont pas manqué de marquer les esprits. En 2000 paraît ainsi une affiche traversée d'une immense fourchette dont le manche fait un nœud pour évoquer les fins de repas difficiles. Trois ans plus tard, une nouvelle campagne d'affichage est lancée. Elle présente deux femmes en buste posant de trois quarts, dont le visage en noir et blanc est barbouillé de vert. Le terme « barbouillée » est repris textuellement sous forme de question à laquelle le visuel répond en présentant une boîte d'Oxyboldine accompagnée de la phrase : « Et tout devient plus digeste ».
Plus récemment, en 2011, le thème de la digestion difficile est illustré sous forme d'une bande dessinée dont l'héroïne est une femme active soumise au rythme trépidant de la vie moderne. Son déjeuner avalé en trombe ou en courant un sandwich à la main, la conduit tout droit chez le pharmacien pour se procurer une boîte d'Oxyboldine, suivant en cela les bons conseils que lui souffle son estomac. Une fois ses troubles soulagés, la jeune femme conseille à une collègue qui redoute d'avoir à affronter des problèmes de digestion, d'en prévenir l'apparition en prenant un comprimé d'Oxyboldine. Dans les deux cas, le médicament fait merveille. Dernièrement, enfin, la marque a de nouveau mis en scène la digestion difficile au moyen d'un visuel très explicite : trois boules de pétanque sur un lit de salade dans une assiette. Une problématique qui trouve bien sûr sa solution dans la marque Oxyboldine qui, depuis 2018, présente une référence aromatisée au citron. Une nouvelle formule qui ne manquera pas d'ajouter un chapitre à la saga déjà longue du médicament centenaire.
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