À l’inverse de la France, où tout pharmacien pouvait créer une officine depuis 1803, l’Allemagne a introduit, en 1 877, des quotas de population pour les créations. Ce système a été maintenu après le retour de l’Alsace-Moselle à la France, et fixé, en 1945, à une officine pour 5 000 habitants. Résultat, les pharmacies des trois départements ont toujours été moins nombreuses, et plus grandes que dans le reste de la France, même si de nombreuses dérogations, surtout dans les années 1980, ont contribué à les rapprocher de la moyenne nationale. En 2000, le seuil des 5 000 habitants a été ramené à 3 500 pour les trois départements, ce qui reste toutefois supérieur à la règle nationale.
Paradoxalement, les quotas furent supprimés en Allemagne en 1958, ce qui a plus que doublé la densité des officines en 60 ans, passées d’une pour 10 000 habitants en 1957 à une pour 4 000 de nos jours. En France, ce fut l’inverse : Vichy institua des quotas de population en 1941, mesure confirmée en 1945.
Des différences qui tendent à s'estomper
Les patients alsaciens-mosellans ont profité de la gratuité totale des soins médicaux et hospitaliers, ainsi que des médicaments, jusqu’à l’occupation allemande de 1940 à 1944. Pendant la guerre en effet, l’Allemagne a institué un ticket modérateur sur les médicaments et les soins… dont le principe fut maintenu en Alsace-Moselle après la Libération, avec une participation fixée à 10 %.
La taille des pharmacies et le tiers payant généralisé ont profondément marqué le mode d’exercice des pharmaciens. Comme l’a écrit, en 1953, le vice-président du syndicat des pharmaciens du Bas-Rhin J. Schmidt, « notre exercice est très différent d’outre-Vosges : l’indice de consommation en produits pharmaceutiques en Alsace-Moselle atteint à peine la moitié de celui des autres départements. Ce phénomène est dû en grande partie au tiers payant qui a fonctionné chez nous pendant plus de 35 ans, faisant perdre aux malades l’habitude de tout achat spontané de médicaments. C’est la même raison qui est responsable de la composition simple des ordonnances médicales de chez nous qui comportent peu de médicaments. Les conseils pratiqués par nos confrères d’outre-Vosges n’existent pratiquement pas chez nous. Nous ne tirons aucun avantage des ressources substantielles de la parapharmacie dont la vente courante n’a jamais pu s’implanter chez nous. La parapharmacie n’est pas une solution et nous ne la souhaitons guère »
Toutefois, au fil du temps, les différences tendent à s’estomper, en volume comme en type de travail. Les médecins alsaciens-mosellans prescrivent globalement autant qu’ailleurs, et le tiers payant s'est largement répandu en France. Selon une étude régionale menée en 2016, le meilleur remboursement des soins et des médicaments n’a d’ailleurs pas d’effet « inflationniste » ; de plus, les Alsaciens-Mosellans disposent eux aussi de mutuelles, dont les cotisations sont inférieures à celles demandées dans le reste de la France, puisque les remboursements sont moins élevés. Enfin, la taille des pharmacies des trois départements a permis à leurs titulaires de développer très tôt des nouveaux services, tout en disposant d’un personnel nombreux et bien formé.
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