Président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), Patrick Devillers est en phase avec la position ordinale sur les sociétés de participations financières des professions libérales (SPF-PL). « Il faut se mettre dans la logique du jeune confrère qui veut s'installer », indique t-il. Le responsable syndical constate que 90 % des acquisitions se font aujourd'hui par la constitution de sociétés d'exercice libéral (SEL). « La situation économique des officines est telle que peu peuvent se permettre d'acheter des pharmacies en unipersonnel », souligne Patrick Devillers. Dans le cas de l'installation par le biais de SEL ou de SPF-PL, le président de l'USPO estime cependant qu'il faut se limiter à deux intervenants : le jeune titulaire (avec 49 % des parts au maximum) et le pharmacien cédant (avec 51 % des parts au minimum). « Dans d'autres cas, on risque de multiplier le nombre de participations croisées qui pourraient donner lieu à certaines déviances », assure Patrick Devillers.
Vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Liebermann se montre d'abord attaché à l'exercice en unipersonnel. « C'est l'un des piliers de la profession. Nous pouvons inventer d'autres montages mais il faut avant tout rester dans cette logique », estime-t-il. Selon lui, il faut se préserver d'un système de multipropriété non adapté à la répartition des officines. « Nous n'assumerons pas mieux nos nouvelles missions si l'on est en SEL, plutôt qu'en unipersonnel ou société en nom collectif ».
Des territoires de santé.
Pour autant, comme le reste de la profession, Philippe Liebermann regrette que les décrets sur les SPF-PL ne soient pas encore parus. « Ce serait une façon de transmettre ses parts à différentes personnes et de façon régulière, en accédant progressivement au capital pour acquérir la majorité de la société », indique t-il. Favorable aux SPF-PL, le vice-président de la FSPF ne veut pas aller jusqu'aux holdings. « Elles vont regrouper des entreprises différentes et ne permettront de régler que des problèmes fiscaux », prévoit-il.
Pour ce qui le concerne, Yves Trouillet, président de l'Association de pharmacie rurale (APR), défend l'idée du regroupement. « Dans mon esprit, je ne mélange pas ce qui touche à la santé publique et ce qui touche à l'économie », tranche le président de l'APR. Défenseur des officines de zone rurale, il rappelle que le sort des pharmaciens est lié aux évolutions démographiques de la population et des professionnels de santé. « Seule, la pharmacie ne peut pas se maintenir. Malgré la loi, certaines adaptations sont nécessaires pour garantir le même niveau de service à tous les patients ». Avec la loi HPST qui vient d'être votée, apparaît la notion de territoire de santé. « Personne n'en connaît la définition précise, commente Yves Trouillet. Il semblerait que, demain, sur un territoire de santé, il y ait obligation de maintenir un service de santé avec des maisons médicales et des pharmacies. Elles vont devoir alors évoluer selon un schéma différent. C'est peut-être ce qui va être mis en place avec l'arrivée des agences régionales de santé. »
Une machine à regrouper.
Pour Yves Trouillet, si les SEL se sont développées, c'est qu'elles avaient des atouts. « Elles ont des avantages fiscaux et des facilités de crédit. Un grand nombre de ces sociétés ont été utilisées par des titulaires pour se transmettre leur patrimoine. Mais aujourd'hui, la reprise d'une pharmacie en SEL pose problème. » Aussi, selon le président de l'APR, les holdings seraient un bon moyen, pour un jeune pharmacien, de pouvoir acheter des parts tout en bénéficiant d'avantages fiscaux. L'Association de pharmacie rurale adhère donc au projet ordinal sur l’évolution des SEL. Elle est également favorable à celui du Collectif national des groupements de pharmaciens d'officine (CNGPO). « La SEL à trois me convient bien car l'exercice personnel est préservé. Mais il ne faudrait pas que les SEL à trois soient une machine à regrouper, comme cela pourrait être le cas dans le système des succursales », affirme Yves Trouillet.
Claude Baroukh, vice-président du groupement Népenthès et membre de la FSPF, est sur la même longueur d'onde. « Les pharmacies regroupées exercent d'une manière confortable et ont plus de moyens. Mais dans une ville où il y a une dizaine de pharmacies, si deux ou trois d’entre elles se rapprochent, cela peut pénaliser toutes les autres ». De même, selon Claude Baroukh, l'implantation de pôles de santé libéraux crée des disparités entre les officines situées à proximité et celles qui en sont plus éloignées.
Au-delà de quelques désaccords, les débats de la Journée de l'économie de l'officine auront permis de souligner les nombreux points de convergence entre les représentants des officinaux.
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