Cigarette électronique

Toujours pas de certitude sur le sevrage

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Publié le 30/11/2017
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Le recours à la cigarette électronique permet-il de réduire le tabagisme ? Cette question reste débattue, faute de données concordantes.
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Crédit photo : Phanie

En France, d’après les dernières données du baromètre santé, qui datent de 2016, 3,3 % des 15-75 ans utilisaient la e-cigarette, 2,5 % quotidiennement, chiffres en baisse par rapport à 2014. « Malgré plus de 4 400 publications sur la cigarette électronique depuis 15 ans, nous ne savons toujours pas si elle constitue, ou non, une aide efficace au sevrage tabagique », souligne le Dr Ivan Berlin (hôpital de La Pitié-Salpêtrière, Paris). Les études dans ce domaine sont contradictoires.

Au Royaume-Uni, un travail publié dans le BMJ l’année dernière a montré que si l’utilisation de la e-cigarette est montée en flèche, elle ne s’est pas accompagnée d’une augmentation des sevrages tabagiques (1).

Dans un travail français récent (2), après 6 mois de suivi, les fumeurs qui vapotaient régulièrement étaient plus nombreux à avoir réduit de moitié leur consommation quotidienne de cigarettes (26 vs 11 %) et plus nombreux à avoir essayé d’arrêter (23 vs 11 %). Mais aucune différence significative n’a été retrouvée en termes de sevrage total.

Une nouvelle étude va démarrer en janvier 2018, dans le cadre d’un programme hospitalier de recherche clinique, afin de comparer la e-cigarette avec un liquide nicotinique ou sans nicotine, et tester sa non-infériorité par rapport à la varénicline. Plus de 650 fumeurs seront randomisés en double aveugle pour recevoir une cigarette électronique avec du liquide (avec ou sans nicotine) et 4 comprimés (varénicline ou placebo) à prendre chaque jour pendant 3 mois.

Point important dans cette étude, les fumeurs qui ont déjà des maladies liées au tabac, cardiovasculaires ou pulmonaires, ne seront pas exclus. Le critère d’évaluation sera le taux de sevrage à 3 mois, défini par une abstinence totale sur deux visites avec un contrôle biologique (anabasine urinaire)   « Il s’agit de patients motivés, en recherche d’aide », précise le Dr Berlin. Résultats dans 3 ans.

D’après un entretien avec le Dr Ivan Berlin, groupe hospitalier La Pitié-Salpêtrière (Paris)
(1) Beard E et al. BMJ 2016;354:i4645.
(2) Pasqereau A et al. Addiction, sous presse.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3393