Une vaste méta-analyse a été réalisée chez 154 942 enfants nés entre 1989 et 2013, à partir des données provenant de 37 cohortes européennes (1). Les enfants inclus ont présenté des infections pulmonaires basses (bronchites, bronchiolites, pneumonies…) ou hautes (rhumes, sinusites, laryngites, pharyngites, angines et otites) entre l’âge de 6 mois et 5 ans et ils ont été suivis à l’âge de 6 mois, 1, 2, 3, 4 et 5 ans. La fonction pulmonaire a ensuite été mesurée chez les enfants entre 4 et 15 ans (âge moyen 8 ans), par spirométrie : capacité vitale forcée (CVF), volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) et débit expiratoire maximal à 75 % de la CVF (DEM 75). Les chercheurs ont ajusté leurs analyses en tenant compte des différents facteurs pouvant affecter les résultats, tels que le statut socio-économique, le mode de vie, le poids de naissance, l’âge gestationnel à la naissance, le sexe, l’âge, la taille…
Influences des infections respiratoires
Les résultats montrent que les enfants ayant eu des infections respiratoires, qu’elles soient hautes ou basses développent plus souvent un asthme en comparaison d’enfants indemnes de ces affections avant l’âge de 5 ans. Le risque de survenue d’un asthme était multiplié par 1,5 en cas d’infections respiratoires hautes et par 2 en cas d’infections respiratoires basses.
En revanche, les infections pulmonaires basses, à tout âge, étaient associées à une dégradation de la fonction pulmonaire, comme l’ont montré les mesures de la CVF, du VEMS et la DEM 75 ; ce n’était pas le cas dans les infections pulmonaires hautes. « À ce stade, nous ne pouvons pas affirmer que le caractère causal des infections pulmonaires. D’autres études sont nécessaires. Il pourrait être intéressant aussi d’étudier l’effet de la prévention de ces infections dans le jeune âge, peut-être par la vaccination, et d’avoir un suivi à l’âge adulte », a déclaré la Dr Evelien van Meel (Pays-Bas), investigatrice principale de l’étude.
Les chercheurs vont également étudier le rôle joué par les antibiotiques, le paracétamol et le tabagisme passif, dans la survenue d’infections respiratoires et leur relation avec la dégradation de la fonction pulmonaire et l’apparition de l’asthme.
Surpoids du père à l’adolescence
Le surpoids est un facteur de risque personnel, connu, d’asthme. En revanche, il est moins connu que le surpoids pouvait augmenter le risque d’asthme de la génération suivante. Les données issues de 2 818 adultes âgés de 18 à 50 ans de l’étude transgénérationnelle RHINESSA, incluant des centres en Norvège, Danemark, Islande, Suède, Estonie, Espagne et Australie et de 2 041 pères d’âge moyen 37-66 ans (ECRHS/RHINE) ont été analysées. Les associations entre l’apparition d’un asthme, allergique ou non, et le surpoids pendant l’enfance (8 ans), à l’adolescence et à l’âge adulte (30 ans) ont été examinées. Les résultats montrent qu’un surpoids à l’adolescence chez les pères (et non pendant l’enfance ou l’âge adulte) est associé à une augmentation du risque d’apparition d’un asthme non allergique. Il n’y avait pas d’effet sur l’apparition d’un asthme allergique (2).
Impact positif de la proximité d’un espace vert
Il est bien connu que vivre dans un milieu urbain et sa pollution augmente le risque d’asthme chez l’enfant et contribue à un mauvais contrôle de l’asthme.
De nombreuses études ont montré que l’exercice physique quotidien était bénéfique pour améliorer les symptômes et la présence d’un parc à proximité, qui favorise la pratique de cet exercice et contribue à diminuer la pollution atmosphérique, ne peut être que bénéfique. C’est ce qu’a confirmé cette étude américaine, réalisée à Baltimore auprès de 196 enfants âgés de 3 à 12 ans ayant des symptômes d’asthme fréquents et ayant été aux urgences ou hospitalisés pour leur asthme au cours de l’année passée (3).
Les chercheurs ont interrogé les parents d’enfants asthmatiques. Ils se sont intéressés à leurs symptômes et en même temps, ils ont regardé à quelle distance d’un espace vert se trouvait leur domicile. Plus il était éloigné d’un parc, et plus le nombre de jours où l’enfant était symptomatique augmentait. Par exemple, si un enfant qui a 5 jours symptomatiques par mois, vit à côté d’un parc, un autre qui vit à 305 mètres du parc aura selon l’étude 6 jours symptomatiques, un autre à 610 mètres du parc aura 7 jours symptomatiques…
(1) Van Meel E et al. Abstract 499.
(2) Johannessen A et al. Abstract 2615.
(3) DePriest K et al. Abstract 2647.
European Respiratory Society (ERS).