Une déontologie et des contraintes réglementaires
Titulaires et salariés doivent composer avec les contraintes réglementaires et conventionnelles pour assurer, rigoureusement et en toute sécurité, la dispensation, les conseils et actes. Si protéger l’intérêt du public et garantir l’intérêt du patient prévalent toujours sur celui du pharmacien, pas question pour autant de mettre en danger votre santé et celle de vos collaborateurs.
Dans le code du travail, l’article L4121-1 précise que le titulaire doit assurer la sécurité de ses employés et protéger leur santé mentale et physique.
La situation du Covid est particulière car toute l’équipe est au contact direct du patient avec l’exposition potentielle au virus. Pour olivier Clarhaut, secrétaire fédéral de la branche officine FO, « le salarié qui se retrouve face à un employeur avec lequel il peut discuter, va trouver, je l’espère, un terrain d’entente pour que cela se passe bien. Dans le cas où un employeur contraindrait un salarié à faire des tests ou la vaccination, la solution du droit de retrait est tout à fait envisageable ». En effet, avec l’article 2 de la convention nationale des pharmaciens d’officine, les salariés qui pensent être dans le cas d’un danger grave et imminent pour leur vie et leur santé doivent en aviser immédiatement leur employeur avant d’envisager de suspendre leur activité. Dans toutes les situations, le dialogue est le maître-mot et il est préférable d’échanger avant qu’un problème ne se présente.
Les nouvelles missions sont dans l’évolution du métier
« Les nouvelles missions, pour le salarié adjoint ou préparateur, d’un point de vue du droit du travail, peuvent être un moyen d’accomplir des missions valorisantes, d’acquérir de nouvelles compétences, de rendre des services nouveaux, donc tout cela est très positif », explique Olivier Clarhaut. Si l’article L. 5125-1-1 A du code de la santé publique définit les missions du pharmacien (soins de premier recours, éducation thérapeutique, vaccination, accompagnement du patient), pour la nouvelle génération, les nouvelles missions, les nouveaux modes d’exercice, font partie de leurs attributions. Ils actent leur positionnement comme acteurs de soins de premiers recours, notamment avec des atouts comme la proximité géographique, leur bonne connaissance du patient, la relation de confiance, leur disponibilité, leur accessibilité. Ces nouvelles missions demandent une formation des équipes, une réorganisation éventuelle car elles peuvent rapidement devenir chronophages. « Nous sommes au service du patient, nous sommes là pour les aider, donc les missions vont dans le bon sens… Mais j'avoue que les bilans partagés de médications sont très intéressants, mais complexes à mettre en place » témoigne le Dr Saulnier, titulaire dans les Hauts-de-Seine.
Impliquer les collaborateurs est essentiel
Les dernières années ont vu émerger la diversification des activités à l’officine. Pour susciter la motivation et l’adhésion de vos collaborateurs, organisez des réunions de travail, déterminez ce que chacun souhaite prendre en charge et si cela est compatible avec vos besoins et objectifs. « Dans mon équipe, j’ai des collaborateurs très contents d’avoir de nouvelles missions, même si elles sont mal ficelées et sont excessivement chronophages », relate le Dr Saulnier.
Les primes ne sont pas une obligation
Concernant la prime Covid, « il n’y a pas de rémunération conventionnelle obligatoire pour les salariés qui se livrent aux tests anti-covid et il en est de même pour la vaccination. Il n’y a même pas eu de négociations sur ce sujet, donc les primes accordées ne peuvent être issues que de la négociation en entreprise », explique Olivier Clarhaut. Les rétributions supplémentaires accordées aux salariés varient selon les titulaires et leurs possibilités financières. Certains ont attribué une prime, à l’instar du Dr Saulnier : « Je l’ai fait car je considère que c’était bien de le faire, pour leur investissement, mais en aucun cas il n’y avait un critère d’obligation. C’était vraiment par rapport à la situation vécue, j’ai essayé de leur donner quelque chose. »
Les officinaux sont dans un engagement collectif dont l’objectif est d’apporter des réponses globales aux problématiques du système de santé. « Ma santé 2022 » veut favoriser une meilleure organisation entre professionnels de santé. Cette stratégie devrait s’appuyer notamment sur le développement du numérique, des messageries sécurisées qui doivent faciliter l’exercice au quotidien.