Pourquoi une troisième dose est essentielle

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Publié le 14/12/2021

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Aujourd’hui, deux challenges s’annoncent dans la lutte contre le Covid. Tout d’abord, celui d’administrer le plus rapidement possible la troisième dose pour contrer la 5e vague épidémique. Ensuite, celui de s’organiser à court terme pour faire face au variant Omicron. Avec deux doses, les vaccins semblent peu efficaces contre ce nouveau venu. La 3e dose pourrait apporter une protection supplémentaire.

Selon une étude israélienne, la dose booster est efficace dès la première semaine après son administration
Crédit photo : Phanie

En France comme ailleurs, le gouvernement incite les personnes majeures à recevoir une troisième dose vaccinale 5 mois après un schema vaccinal complet, afin de lutter contre la 5e vague épidémique.

Par ailleurs, ce délai pourrait être encore raccourci si la France suit le récent avis de l'Agence européenne du médicament (EMA). Le 9 décembre, cette dernière a en effet déclaré que les doses de rappel du vaccin contre le Covid-19 pouvaient être administrées de façon « sûre et efficace » trois mois seulement après la dernière injection, alors que jusqu'ici elle avait recommandé d'attendre six mois.

Pour Odile Launay (coordinatrice du centre d’investigation clinique de vaccinologie, Cochin-Pasteur) l’intérêt de cette 3e dose, ou dose booster, ne fait plus de doute. Deux études très intéressantes menées en Israël et publiées dans le « New england journal of medicine » du 8 décembre viennent conforter son intérêt. La première étude a analysé les données de plus de 850 000 personnes de plus de 50 ans, dont 760 000 ont reçu une 3e dose au moins 5 mois après la 2e, c’est-à-dire dans les mêmes conditions que celles mises en place en France. Selon les résultats, ces dernières ont 90 % de risques en moins de mourir du Covid que celles qui n'ont reçu que deux doses de vaccin (après 54 jours de suivi).

La seconde étude israélienne publiée dans le NEJM du 8 décembre a montré que la dose booster était efficace très rapidement dès la première semaine après son administration, et que cette efficacité s’observait quelles que soient les tranches d’âge. Ainsi, « ces éléments confirment la nécessité de la 3e dose, en priorité chez les plus âgés, mais aussi chez les adultes plus jeunes dans le cadre d’un contrôle de l’épidémie », évoque Odile Launay, lors d'une conférence de l'ANRS - maladies infectieuses émergentes.

L'impact d'Omicron

Toutefois, le variant Omicron pourrait bien venir changer la donne. Et on ignore encore si la vaccination sera efficace sur ce nouveau venu. « Il est pour le moment très difficile de répondre car on ne dispose que de peu de données à ce sujet », reconnaît Odile Launay.

Aujourd’hui, trois études sont en prépublication. Une première, sud africaine, montre une baisse très importante du pouvoir neutralisant des sérums chez les personnes vaccinées avec 2 doses. Toutefois, chez celles vaccinées et ayant déjà eu le Covid, on observe une perte moins importante du pouvoir neutralisant des anticorps. Ce qui pourrait permettre de neutraliser Omicron.

Un second travail aboutit aux mêmes conclusions. Cette étude, menée sur 12 patients, montre que chez les six patients qui avaient reçu deux doses du vaccin de Pfizer mais n’avaient jamais été infectés par le Covid-19, la neutralisation des anticorps chute lourdement face à Omicron. En revanche, chez les cinq patients infectés préalablement par le Covid-19, il existe une neutralisation relativement élevée face à ce variant. C’est pour cette raison que les chercheurs estiment que les personnes ayant reçu trois doses vaccinales devraient bénéficier d’une protection relativement similaire à ce groupe. En effet, une troisième dose booste le taux d’anticorps neutralisants par un facteur d’au moins 35.

Enfin, selon une troisième publication, allemande, 2 doses de vaccin Pfizer ne permettraient pas de neutraliser le virus, mais pour certaines personnes ayant reçu la dose booster (pas toutes), cela marcherait mieux.

De leur côté, Pfizer et BioNTech ont réalisé un essai qui montre que deux doses de leur vaccin pourraient effectivement ne pas suffire pour protéger d’Omicron, mais qu’avec une 3e dose, le taux d’anticorps pourrait se rapprocher des concentrations d'anticorps contre la souche initiale et les précédents variants observées après deux doses, ce qui correspond à des niveaux associés à une efficacité vaccinale élevée. « Toutes ces données, bien que très préliminaires, sont en faveur de l’administration d’une troisième dose », conclut Odile Launay.

Pfizer et BioNTech précisent qu'en cas de besoin, ils sont en mesure de développer un vaccin basé spécifiquement sur le variant Omicron avant le mois de mars 2022.

Charlotte Demarti