Insolite

Passez un savon à votre cancer !

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Publié le 12/09/2024

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Quand vous étiez gosse, peut-être avez-vous joué, comme moi, avec ces merveilleuses boîtes de « Chimie 2000 ». Peut-être avez-vous, vous aussi, réussi, sur un coin de cuisine, quelques tours de magie mousseuse, fumante, voire explosive ! Certaines vocations de potard naissent ainsi. Mais pour le jeune Heman Bekele, les choses sont allées un peu plus loin… L’adolescent vient d’être désigné « enfant de l’année 2024 » par le célèbre magazine Time. Dès l’âge de 4 ans, Heman s’amuse à mélanger liquide vaisselle, lessive et autres produits ménagers courants pour voir ce que cela donne… Ses essais de « potions », aux effets aussi aléatoires que leur composition, attendrissent ses parents au point qu’ils finissent par lui offrir un kit de chimie. Heman a alors 7 ans et ses expériences gagnent en cohérence… et en dangerosité ! Un mélange aluminium, hydroxyde de sodium déclenche un début d’incendie. Du temps passe. En octobre dernier, la société 3M et Discovery Education ont choisi Heman, désormais élève de seconde dans un lycée de Virginie, comme lauréat de leur concours Young Scientist Challenge et lui ont accordé un prix de 25 000 dollars. Cette récompense permettra au jeune homme de poursuivre son ambitieux projet : inventer un savon capable un jour de traiter, voire prévenir, plusieurs formes de cancer de la peau. Le principe actif, l’imiquimod, Heman ne l’a pas choisi par hasard, car l’anticancéreux est déjà prescrit en crème pour s’attaquer aux tumeurs. Quant à la galénique originale du pain de savon, l’adolescent a pensé qu’elle serait à la fois la forme d’administration la plus simple et la plus abordable du médicament (un traitement du mélanome coûte en moyenne 40 000 dollars). Il faudra sans doute des années avant que la mousse curative soit commercialisée, mais Heman Bekele a seulement 15 ans. Il a le temps. Cet été, il a consacré une partie de ses vacances à poursuivre son rêve d’hélioprotection dans un laboratoire de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health de Baltimore. Espérons qu’il s’est aussi ménagé quelques journées pour simplement lézarder au soleil.

Didier Doukhan