Vous êtes une femme entre 40 et 70 ans, vous résidez en Belgique, en Espagne, en France, en Israël, en Italie ou au Royaume-Uni, vous n’avez jamais eu de cancer du sein ? Vous pouvez alors participer à la grande étude MyPeBS (pour « My personal breast screening », c’est-à-dire « mon dépistage mammaire personnalisé »). Son objectif : évaluer l’intérêt d’un dépistage du cancer du sein ciblé en fonction des risques de chaque femme, par rapport au dépistage de masse classique.
Dans MyPeBS, les femmes vont être réparties en deux groupes et suivies durant quatre ans. L'un suivra le programme classique de dépistage dans le pays concerné. L'autre suivra un programme plus individualisé. Les femmes du second groupe font évaluer leur degré de risque en fonction de plusieurs facteurs : densité du sein (les seins les plus denses étant les plus à risque), antécédents familiaux, biopsies passées et, à partir de tests salivaires, présence de variations génétiques non héréditaires.
Quatre protocoles selon le risque
Elles sont ensuite classées en quatre catégories qui subissent des examens plus ou moins rapprochés. Une mammographie tous les quatre ans pour les moins à risque, une mammographie tous les deux pour les risques moyens, une mammographie par an pour les risques élevés, à laquelle on ajoute une IRM si le risque est jugé particulièrement haut. En pratique, on va « faire une utilisation raisonnée des mammographies : les utiliser plus s'il y a plus besoin, et moins s'il y a moins besoin », résume la radiologue Corinne Balleyguier, qui coordonne la partie française de l'étude.
Si l'étude révèle que cette stratégie différenciée est plus efficace pour détecter des cancers du sein, les implications seraient considérables en matière de santé publique. Car, actuellement, les programmes de dépistage appliquent la même procédure à l'essentiel des femmes appartenant à la tranche d'âge concernée. Ainsi, en France, on invite toutes les femmes de 50 à 74 ans à faire une mammographie tous les deux ans (hormis les femmes à risque de formes de cancers héréditaires, qui bénéficient d’un suivi rapproché spécifique. Mais cela reste minoritaire).
Or « on sait que le risque n'est pas le même selon les femmes », rappelle Corinne Balleyguier. Ainsi, tel qu'il est actuellement pratiqué, le dépistage massif fait l'objet de critiques récurrentes quant au fait qu'il distingue trop peu les patientes entre elles, au risque notamment de provoquer des traitements inutiles. Le débat porte essentiellement sur ce risque de surdiagnostic. Une mammographie peut, en effet, détecter une tumeur qui n'évoluera jamais en cancer du sein. Mais il est impossible de le savoir à l'avance et certaines patientes subiront, par précaution, des traitements en réalité inutiles, qui peuvent aller jusqu'à l'ablation du sein.
Réponse en 2026
MyPeBS pourrait bien apporter des réponses à cette question qu’aucune étude n’a su trancher jusqu’alors. Toutefois, il faudra patienter : les résultats de l’étude sont attendus pour 2026. Pour l'heure, moins de 20 000 patientes ont été recrutées alors qu'elles doivent être, au total, 85 000. La raison est essentiellement organisationnelle : « Il est beaucoup plus compliqué d'inclure des patientes que cela n'y parait », remarque Corinne Balleyguier. De plus, la crise du Covid a contribué à ralentir ces procédures et les premières conclusions ne devraient pas être données avant 2026. D'ici là, les patientes intéressées ont jusqu'à l'été 2023 pour se proposer, en se rendant sur le site de l’étude MyPeBS.
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