Des bactéries résistantes renforcées par des antibiotiques à forte dose ?

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Publié le 12/05/2021

Crédit photo : Phanie

Le principe d’une dose « booster » d’antibiotiques pour lutter contre le développement de bactéries résistantes pourrait être remis en cause. Selon une étude parue aujourd’hui, si des doses élevées ralentissent le rythme auquel les bactéries deviennent résistantes, elles permettent aussi le développement de bactéries « en meilleure forme » pour résister aux antibiotiques.

Après avoir analysé l’évolution de bactéries E. coli face à différentes concentrations de trois antibiotiques couramment utilisés, des chercheurs ont démontré qu’à plus forte dose, les antibiotiques permettent de ralentir le développement de bactéries résistantes. Mais celles qui deviennent résistantes malgré tout sont aussi plus virulentes, avec un taux de reproduction plus rapide. A contrario, à plus faible dose d’antibiotiques, le développement de bactéries résistantes est plus rapide mais celles-ci se reproduisent moins vite. « Nous estimons que le taux de croissance est un bon indicateur de leur forme, avec l'hypothèse qu'une souche qui croît plus vite a plus de chances de prendre le dessus sur les autres et de devenir dominante », explique Mato Lagator, biologiste à l'université de Manchester et auteur principal de l'étude.

Ces résultats, publiés dans la revue « Biology Letters » de la Royal Academy, « ajoutent une dimension supplémentaire au problème du dosage optimal des antibiotiques », écrivent les chercheurs, qui jugent que l'utilisation de doses plus élevées représente un « dilemme ». De précédents travaux de recherche démontraient que l’administration de doses plus fortes d'antibiotiques peut ralentir la capacité des bactéries à devenir résistantes au traitement, mais l'impact de cette stratégie sur la forme physique des bactéries qui sont quand même devenues résistantes a été peu étudié. Pour Mato Lagator, « se concentrer sur le bénéfice immédiat – le traitement est plus efficace à des doses plus élevées – sans s'attacher à comprendre les conséquences à long terme peut poser problème », et d’autres études doivent être menées dans ce domaine.

Avec l'AFP.


Source : lequotidiendupharmacien.fr