Les premières descriptions d’un coronavirus chez l’animal remontent aux années 1930. Des chercheurs américains publient, dès 1931, une étude sur la bronchite infectieuse aviaire (BIA) chez les poussins dans le Dakota du Nord. En 1936, plusieurs coronaviroses sont repérées chez l’oiseau et dans les règnes bovins, porcins et canins. Le premier coronavirus humain est documenté en 1967. Aujourd’hui, quatre types de coronavirus humains bénins sont connus, principalement responsables de rhumes. Mais depuis 2002, trois autres sont apparus, provoquant des infections beaucoup plus graves. Ce sont le SARS-CoV, le MERS-CoV et le SARS-CoV-2, tous classés dans les bétacoronavirus. Tous ayant pour origine un coronavirus de la chauve-souris passé par un hôte intermédiaire : la civette palmée pour le SARS-CoV, le dromadaire pour le MERS-CoV, et un hôte encore indéterminé concernant le SARS-CoV-2 (l’intervention du pangolin n’a pas été confirmée).
Une chose est sûre, l’histoire des coronavirus n’est pas terminée. Les chercheurs ne se demandent pas si un nouveau coronavirus humain va se développer mais plutôt quand et quelle forme il va prendre. Car, explique Sophie Le Poder, vétérinaire et professeur de virologie à l’École nationale vétérinaire d’Alfort (EnvA), « ce sont des virus à gros potentiel évolutif qui, pour certains, peuvent passer la barrière d’espèce ». Ainsi, si les coronavirus du chat ou des oiseaux restent bien cloisonnés à leur espèce hôte, cela n’est pas le cas de ceux de la chauve-souris. Il semble néanmoins peu probable que les coronavirus de la chauve-souris puissent se transmettre directement à l’homme, selon Zheng-Li Shi, de l’institut de virologie de Wuhan (Chine).
Travail de fond
Une façon de rappeler que l’homme ne vit pas seul sur sa planète et doit prendre en considération les animaux qui s’y trouvent, qu’ils soient sauvages, d’élevage ou domestiques. Mais l’inverse est aussi vrai, rappelle Fabian Leendertz, de l’institut allemand Robert Koch. « Il faut certes se protéger des animaux sauvages qui peuvent nous transmettre des infections mais il faut aussi protéger les animaux sauvages des transmissions d’infections par l’homme », dit celui qui a corédigé les guidelines de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) afin de préserver les grands singes des maladies humaines lors des projets de recherche ou d’écotourisme. Les grands principes avant d’intégrer leur milieu : être en bonne santé, porter systématiquement un masque et être à jour de ses vaccins.
Une transmission qui peut s’avérer délétère pour l’animal infecté mais aussi pour l’homme si le virus peut lui être retransmis. C’est ce qui a été constaté dans les élevages de visons où un abattage systématique a été appliqué pour stopper la circulation d’un virus muté. « Avoir des milliers d’animaux sur une surface limitée et fermée est un véritable incubateur », note Sophie Le Poder.
Pour les chercheurs, l’accélération de l’apparition de coronavirus humain à capacité pandémique doit pousser à renforcer les connaissances sur ces virus. « Il faut un travail de fond sur le long terme, ajoute la vétérinaire, pour comprendre ces virus, comment ils passent la barrière d’espèce, comment ils se multiplient… pour être mieux préparés face à un nouvel épisode. »
* D’après le colloque international « Covid-19 et une seule santé » de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie vétérinaire de France organisé le 3 décembre en collaboration avec la Société vétérinaire pratique de France.
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