Alors que la trithérapie dans le VIH peut être allégée à une prise 4 jours sur 7 sans perte d’efficacité, ce n’est pas le cas de la bithérapie, selon un essai de non-infériorité mené par l’ANRS-MIE.
Depuis plusieurs années, les progrès scientifiques ont permis d’alléger les thérapies utilisées dans le VIH sans perte d’efficacité. Il est désormais possible de passer d’une trithérapie à une bithérapie chez des patients dont la charge virale est indétectable depuis plusieurs mois et des laboratoires pharmaceutiques ont, au fil du temps, réussi à proposer trithérapies et bithérapies en un seul comprimé. Dernière évolution en date : l’allégement du nombre de prises d’une trithérapie grâce à la stratégie 4 D : une posologie de quatre jours de prise sur sept est aussi efficace qu’une prise en continu. C’est ce qu’a confirmé l’essai Quatuor, mené par l’ANRS de septembre 2017 à janvier 2018. Mais qu’en est-il des bithérapies ?
Pour répondre à cette question, l’ANRS-MIE a lancé l’essai Duetto, qui s’est déroulé de juin 2021 à février 2023. Dans un communiqué daté du 15 mai, l’agence dévoile les premiers résultats - qui n’ont pas encore été publiés - et annonce qu’ils « ne permettent pas de démontrer la non-infériorité » d’une bithérapie prise quatre jours sur sept par rapport à une bithérapie en continu. Sur les 433 participants inclus dans cet essai, suivis pour l’infection VIH en moyenne depuis 15 ans, traités depuis 12 ans et avec une charge virale contrôlée depuis en moyenne 9 ans, 94,5 % des patients qui ont suivi la stratégie 4D avaient une charge virale indétectable après 48 semaines, contre 96,3 % des patients recevant la bithérapie 7 jours sur 7.
L’ANRS-MIE souligne en particulier que 8 participants des 219 sous stratégie 4D « ont présenté un échec virologique », c’est-à-dire une charge virale détectable à plus de 50 copies/ml à deux reprises en un mois, alors qu’aucun échec « n’a été observé chez les participants sous bithérapie en prise continue ». De même, « les "blips" de réplication virale (charge virale détectable avec contrôle indétectable dans les 4 semaines) ont été plus fréquents chez les participants en 4 jours/7 que chez les participants en 7 jours/7 (10 % versus 3,3 %) ».
Ces résultats ont immédiatement été commentés par le collectif interassociatif TRT-5 CHV. « Le conseil scientifique et le comité indépendant de l’essai se sont donc accordés ensemble à ne pas recommander la bithérapie en allègement 4 jours sur 7. Les données actuelles permettent aux experts de recommander seulement la trithérapie en allègement à 4 jours sur 7 », insiste-t-il. Le collectif met à disposition un tableau d’allégement des thérapies VIH :
Surtout, le collectif appelle les patients à ne pas pratiquer d’allègement sauvage, à savoir un allégement thérapeutique sans en parler à leur médecin. Rappelant qu’un tel allègement n’est pas sans risque, en particulier en termes de « création de résistance à son traitement », TRT-5 CHV ajoute : « Malgré les envies compréhensibles des personnes à vouloir alléger leurs traitements, il est essentiel que l’allègement fasse preuve d’un bénéfice pour la santé démontré grâce à des essais cliniques validés et qu’il soit accompagné d’un suivi médical régulier. »
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