L’ONG suisse Public Eye a de la suite dans les idées. Fondée en 1968 sous le nom de Déclaration de Berne et rebaptisée en 2016, l'association a pour objectif de s’attaquer sur tous les fronts aux causes de la pauvreté. Ce but l’incite à intervenir dans tous les domaines comme dans celui de la santé. C’est ainsi qu’elle a lancé en mai 2018 une campagne en faveur de l’utilisation de la licence obligatoire, un instrument « permettant la commercialisation de génériques moins chers malgré l’existence d’un brevet, sans que la bonne marche des affaires du fabricant n’en soit affectée ». Public Eye est revenu à la charge le 31 janvier dernier en diffusant à la fois un communiqué, une lettre ouverte au ministre de la Santé suisse Alain Berset et une demande détaillée de licence obligatoire de près de 40 pages pour le Perjeta (pertuzumab) du laboratoire suisse Roche, utilisé dans certains cancers du sein et distingué par « Prescrire » en 2017.
Pour un accès universel et durable
Pour l’association, « les prix exorbitants des médicaments entravent toujours plus l’accès aux traitements vitaux et conduisent à l’explosion des coûts de la santé en Suisse ». Or ces prix mettent en péril les systèmes d’assurance sociale. Public Eye écrit à Alain Berset que « se soigner ne doit pas être une question d’argent, ni en Suisse, ni nulle part ailleurs ». C’est pourquoi l’ONG a lancé une pétition « pour des médicaments abordables » qui a donné lieu à la remise au ministre de la Santé, en octobre dernier, d’une boîte de médicament géante contenant les 33 103 signatures récoltées. Elle défend « l’accès universel et durable aux médicaments vitaux » à travers la licence obligatoire et s’attaque en particulier à l’anticancéreux Perjeta. La raison ? Parce que « Roche bénéficie d’une position de monopole des plus avantageuses, et en fixe le prix exorbitant (60 000 francs suisses pour une thérapie individuelle ou 100 000 francs pour une thérapie combinée – environ 53 000 à 88 000 euros NDLR) pratiquement comme bon lui semble », soit un chiffre d’affaires 2017 pour ce seul médicament de « plus de 2 milliards de francs (1,8 milliard d’euros environ) ». Public Eye conclut en soulignant que la demande de licence obligatoire pour Perjeta, si elle était déposée, serait « une première puisque cet instrument n’a encore jamais été revendiqué pour un médicament en Suisse ».
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