ÉLARGIR le répertoire des génériques. Les syndicats d’officinaux et l’association de génériqueurs Gemme* le souhaitent depuis longtemps. Les parlementaires viennent, en quelque sorte, d’exaucer leur vœu. Dans le cadre de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2011, qui devrait être définitivement adopté cette semaine, ils ont en effet voté une disposition alignant les avantages commerciaux des « quasi-génériques » sur ceux des génériques tout court. En clair, tout achat de spécialités inscrites au répertoire pourra être assorti d’une remise commerciale de 17 %, contre 2,5 % auparavant pour les « quasi-génériques ». À l’origine de l’amendement adopté par le Parlement, le député alsacien Yves Bur explique que « la consommation de ces produits peut permettre à l’assurance-maladie de réaliser une économie substantielle et qu’il convient donc d’encourager les officines à les substituer ». Depuis 2009, il était possible d’inscrire au répertoire des groupes génériques de spécialités qui ne sont pas strictement des médicaments génériques, mais qui en sont néanmoins très proches. Par exemple, elles diffèrent simplement de la spécialité de référence par le fait qu’elles se présentent sous une forme pharmaceutique orale à libération modifiée différente, comme le précise Yves Bur. Le concept semble encore un peu flou. Mais il s’agit surtout d’enrayer les tactiques employées par certains laboratoires de princeps pour retarder l’arrivée des génériques sur le marché. La possibilité d’inscrire au répertoire des « quasi-génériques » et l’harmonisation des conditions commerciales ont donc un seul objectif : encourager la substitution. « Cette modification d’ordre technique présente une grande importance pour le développement de la substitution, car elle permet de mettre fin à des incohérences résultant des stratégies de contournement des génériques par certains laboratoires », explique ainsi la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Assurés de pouvoir bénéficier de conditions commerciales identiques à celles des génériques, les pharmaciens d’officine pourront substituer indifféremment génériques et " quasi-génériques ", sous réserve, pour ces derniers, de leur inscription au répertoire », précise encore le syndicat.
Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), estime que cette disposition cible principalement la future chute du brevet en 2011 d’un poids lourds de la prescription, l’esoméprazole, plus connu sous le nom d’Inexium. La mesure pourrait en effet représenter « la parade à une astuce empêchant la substitution de cette spécialité » à fort potentiel d’économies, indique Gilles Bonnefond. Mais d’autres molécules à la galénique modifiée, comme le tramadol, ou au statut mal défini, comme le salbutamol, la trinitrine (en patchs), le calcium, ou encore la povidone iodée, pourraient être concernées et entrer au répertoire sous le label « quasi-générique ». Pour la FSPF, l’enjeu est de taille. Car, grâce à la nouvelle disposition prévue par le PLFSS pour 2011 et l’implication des officinaux, la France pourra rattraper son retard en termes de pénétration des génériques par rapport à ses voisins européens. Mais pour que la mesure soit complète, il faut encore modifier l’arrêté de marge. « Une telle modification garantirait une marge égale à celle du princeps pour tout médicament inscrit dans un groupe générique, y compris pour les " quasi-génériques " », précise la FSPF.
Forte hausse du « non substituable ».
D’autres mesures votées par le Parlement pourraient également redonner un peu de souffle au marché des génériques, comme celles visant à favoriser « la diffusion des recommandations et avis médico-économiques de la Haute Autorité de santé et à inciter les médecins à prescrire dans le répertoire des génériques », souligne le Gemme. Le jeu en vaut la chandelle. Car, selon les calculs de l’association, la progression de seulement un point du répertoire remboursable permettrait une économie de 105 millions d’euros supplémentaires.
À côté de ses bonnes nouvelles pour le générique, un point noir, le développement du « Non substituable » (NS). Le phénomène semble prendre de l’ampleur. Une enquête réalisée le mois dernier par la société Call Medi Call pour « le Quotidien » révèle en effet que 70 % des officinaux interrogés constatent une augmentation du nombre de mention NS sur les ordonnances qu’ils reçoivent au comptoir. Une véritable remise en cause du droit de substitution. Le vice-président du GEMME, Hubert Olivier, avait récemment tiré le signal d’alarme. « Il y a aujourd’hui un besoin urgent que l’assurance-maladie puisse mettre en place un système pour mesurer le nombre de mentions " non substituables " sur les ordonnances, tout comme elle a mesuré, avec succès, la progression des génériques », indiquait-il dans notre édition du 11 octobre. Les pouvoirs publics ont tout intérêt à y prêter attention. Car, à l’heure où les déficits se creusent, la substitution générique permet tout de même à l’assurance-maladie d’économiser 1,3 milliard d’euros par an. Qui dit mieux ?
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