Le Quotidien du pharmacien.- Les réductions de coûts liées à une baisse du recours aux médicaments bénéficieront-elles in fine à l’assurance-maladie ?
Jean-Jacques Zambrowski.- Certes, on observe que certains coûts liés à une consultation médicale, tels la vaccination, les injections dans la DMLA, la pose de stérilet, ou encore les produits de coloscopies, ont été reportés. Mais parallèlement, on doit s’attendre à une aggravation de certaines pathologies. Si les patients sous statines n’auront pas bouché leurs coronaires en deux mois, les hypertendus et les diabétiques en revanche verront leur état de santé se détériorer. Il est évident que tout cela pèsera sur l’assurance-maladie, alors que dans le même temps le volume de cotisations a baissé. Il est à noter que les caisses ont fait preuve d’une flexibilité qu’on ne leur connaissait pas. Le système a tenu mais on ne pourra renouveler plusieurs fois cette performance.
Quels enseignements tirez-vous de ces chiffres publiés par l’assurance-maladie ?
On se met enfin en France à se fonder sur des bases factuelles et non plus sur des intuitions !
Le premier enseignement qu’il faut en tirer, outre le fait que notre système a fait preuve de résistance, c’est la nécessité absolue de mieux communiquer envers les populations vulnérables. Ces chiffres le démontrent, les patients chroniques, en ALD et les personnes âgées ont souffert d’un manque d’information qui a indéniablement fragilisé leur parcours de soins. Avec, dans certains cas, des conséquences irréversibles. Il faudra absolument tenir compte de cet aspect lors des prochaines crises sanitaires.
Deuxième enseignement, on voit une hausse du recours aux hypnotiques et aux anxiolytiques qui démontre le traumatisme subi par nos concitoyens. Le pays a été mis à l’arrêt, des patients ont perdu un proche, parfois même leur médecin traitant. Or la France, contrairement à certains pays comme le Canada qui prennent en charge les consultations psychologiques, ne reconnaît pas la place de cette prise en charge par un psychologue, qui coûterait pourtant moins cher et n’aurait pas d’effets indésirables. Il faut absolument prendre en compte cet aspect dans le Ségur de la santé.
Les pharmaciens ont été autorisés à renouveler les traitements au-delà même des délais de prescription, cette mesure n’aura-t-elle donc pas suffi à maintenir le niveau des délivrances ?
Non, parce que ces patients qui ont redouté de consulter leur médecin sont les mêmes qui craignaient de s’infecter à l’officine. Et ce alors même que les pharmaciens d’officine - tout comme les pharmaciens de l’industrie engagés dans la réserve sanitaire - ont joué un rôle essentiel dans cet épisode de Covid. Il est regrettable, pour ne pas dire scandaleux, que les officinaux qui ont exercé dans des conditions dégradées tout au long de la crise, prouvant qu’ils étaient capables de s’adapter et de prendre leurs responsabilités, ne soient pas reconnus et pris en compte en tant que professionnels de santé dans le Ségur de la Santé. Ce déni est un manque de considération inacceptable !
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