Les conditions de prescription et de délivrance (CPD) des spécialités orales contenant du tramadol, seul ou en association, évoluent. À partir du 15 avril prochain, la durée maximale de prescription passe de 12 à 3 mois. Une mesure qui vise à sensibiliser médecins et patients aux risques inhérents au tramadol.
Le tramadol était en ligne de mire depuis quelques mois au sein de l’agence du médicament. En février 2019, l’ANSM a présenté un rapport sur le mésusage des antalgiques opioïdes pointant notamment une hausse des hospitalisations de 167 % entre 2000 et 2017 et une hausse des décès de 146 % entre 2000 et 2014. En haut de la liste des opioïdes responsables : le tramadol. Les réflexions allaient alors bon train sur les mesures envisageables : formation des prescripteurs, information des patients, nouvelles recommandations pour la prescription, modification des conditions de prescription et de délivrance… Le tramadol allait-il faire l’objet d’une prescription sur ordonnance sécurisée, comme il en a été décidé pour l’hypnotique zolpidem en avril 2017 ? Une décision efficace dans le sens où les ordonnances falsifiées de zolpidem ont fortement diminué au profit de celles de tramadol, de codéinés et de prégabaline (lire notre article « abonné »).
Finalement, l’ANSM a opté pour une mesure qui « n’est pas extrêmement contraignante », explique Nathalie Richard, directrice générale adjointe en charge des médicaments en neurologie, psychiatrie, anesthésie, antalgie, ophtalmologie, stupéfiants, psychotropes et médicaments des addictions. « Jusqu’alors, les prescriptions pouvaient être de 28 jours renouvelables pendant 12 mois. Au 15 avril, la durée maximale sera de trois mois, ce qui obligera le patient à consulter son médecin s’il estime avoir besoin d’une nouvelle prescription, et ce qui devrait limiter la constitution de réserves à domicile. Cette mesure va sensibiliser médecins et patients aux risques liés au tramadol, antalgique opioïde dont l’utilisation est importante en France et fait l’objet d’un mésusage qui entraîne des problématiques de dépendance, d’abus et de sevrage, même sur une utilisation de courte durée et même chez des patients qui ne sont pas à risque. » Des actions de communication seront menées par l'ANSM dès parution de l'arrêté instituant cette mesure au « Journal officiel ».
Ce changement des conditions de prescription et de délivrance a été décidé après un long travail en collaboration avec les sociétés savantes et les représentants des différentes parties prenantes, notamment des professionnels de santé. « Le but n’est pas de restreindre l’accès aux traitements de la douleur mais de favoriser le bon usage », ajoute Nathalie Richard, qui note le fragile équilibre à trouver entre accessibilité et sécurité. Cette première mesure limitant la durée de prescription sera évaluée dans le cadre de la surveillance continue des problématiques de mésusage. En fonction des résultats observés, l’ANSM n’exclut pas la mise en œuvre d’autres actions.
Cette modification des CPD du tramadol fait partie d’une stratégie de sécurisation face au mésusage des médicaments. En juillet 2017, une mesure d’urgence a fait des codéinés des médicaments à prescription médicale obligatoire. « Nous surveillons tous les opioïdes, y compris les opioïdes forts, bien qu’ils ne représentent que 2 % de la consommation en France, car on constate une forte augmentation pour le fentanyl et l’oxycodone », précise Nathalie Richard. Quant à la prégabaline, dont le mésusage est en forte hausse selon une enquête dévoilée en septembre, « des discussions sont en cours ».
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