Hubert Olivier, vice président du GEMME*

« Substituer est aujourd’hui difficile »

Publié le 17/06/2010
Article réservé aux abonnés

LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - L’étude réalisée par Smart Pharma Consulting met en évidence des difficultés à substituer certaines molécules. Partagez-vous ce constat ?

HUBERT OLIVIER. - Globalement, oui, même si le GEMME n’est pas forcément d’accord avec toutes les conclusions de cette étude. Celle-ci pointe la substitution très faible de trois molécules qui sont confrontées à des contextes très particuliers. Pour notre part, nous constatons qu’il y a un nombre significatif de nouvelles molécules pour lesquelles la substitution ne se fait pas comme on l’escomptait. C’est le cas notamment du périndopril, de l’association périndopril-indapamide, voire même du clopidogrel dont le taux de pénétration plafonne à 64 %, ce qui est faible pour une molécule de cette importance. D’une façon générale, la substitution se fait plus difficilement depuis 2009. Pour la première fois, le taux global a chuté.

Quels sont, pour vous, les obstacles à la substitution ?

Plusieurs composantes entrent en ligne de compte, notamment d’ordre réglementaire. Par exemple, les mises en garde de l’AFSSAPS sur certaines molécules créent, compte tenu de la façon dont elles sont communiquées, une certaine inquiétude, néfaste à la substitution. Nous avons d’ailleurs prévu d’aborder prochainement ce sujet avec les pouvoirs publics.

Autre frein à la substitution auquel font face les officinaux, les changements de dosage de princeps alors même que les génériques arrivent sur le marché. Le patient y perd ses repères et le travail du pharmacien est rendu très difficile.

L’attitude des médecins vis-à-vis des génériques a-t-elle évolué ?

Aujourd’hui, on rencontre deux types de comportements relativement opposés. D’un côté, on commence à ressentir l’effet CAPI** qui se traduit par davantage de prescriptions dans le répertoire. Mais dans le même temps, on observe une montée du nombre de mentions « Non substituable » portées sur les ordonnances. Cette situation nous amène à penser que si l’objectif de 80 % pour 2010 n’est pas impossible à atteindre, il reste toutefois extrêmement ambitieux. Pour réussir, il faudra que les autorités de régulation, les pouvoirs publics et les médecins apportent des réponses à toutes ces difficultés auxquelles les pharmaciens sont confrontés.

PROPOS RECUEILLIS PAR C. M.

* Générique même médicament, association qui regroupe les laboratoires Alter, Arrow, Biogaran, Cristers, EG Labo, ratiopharm, Ranbaxy, Sandoz, sanofi-aventis France, Teva et Zydus.

** Contrat d’aide à la performance individuelle.


Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2759