Omniprésentes dans les médias et dans le quotidien des pharmaciens au comptoir, les ruptures d'approvisionnement de médicaments ne cessent de s'aggraver. Au mois d'août, deux fois plus de références étaient concernées par rapport au mois de janvier.
À la mi-août, 12,5 % des références de médicaments étaient en effet en rupture d'approvisionnement contre « seulement » 6,5 % en début d'année, selon les chiffres de David Syr, directeur général adjoint du GERS. Ces dernières semaines, des tensions sur les médicaments contre le diabète de type 2, Trulicity (dulaglutide, Eli Lilly) et Ozempic (sémaglutide, Novo Nordisk) ont notamment été observées à tel point que les prescripteurs ont été invités à limiter les initiations de traitement par analogues du GLP-1 pour les patients diabétiques de type 2 présentant une maladie athéromateuse avérée. La distribution de ces médicaments en officine avait également été contingentée fin septembre.
À cette période, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait également alerté sur des tensions d'approvisionnement concernant les formes orales et des suppositoires de paracétamol. Là encore, des contingentements quantitatifs à hauteur de 50 % maximum des commandes aux laboratoires et pour la vente aux grossistes-répartiteurs, ainsi que pour la vente directe aux officines, avaient été imposés afin de répartir équitablement les approvisionnements sur l’ensemble du territoire. Deux exemples, parmi de très nombreux autres, qui illustrent un phénomène qui ne cesse de s'amplifier année après année. Alors que les médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM) sont les plus exposés à ces risques de rupture, les délais d'approvisionnement ne cessent, de plus, de s'allonger. Enfin, la crise en Ukraine a entraîné une hausse du coût de l'énergie et des transports alors que le coût des matières premières est lui aussi en hausse.
Cependant, cela fait déjà plusieurs années que la situation se détériore, comme le prouvent les chiffres du rapport d'activité 2021 de l'ANSM, publié le 21 septembre. Selon ce document, 2 160 médicaments ont connu des ruptures, ou des risques de rupture en 2021. Il y avait eu 2 446 signalements en 2020, 1 504 en 2019 et 871 en 2018. Le nombre de signalements a donc presque triplé en seulement 3 ans. L'ANSM précise toutefois que cette tendance pourrait être légèrement biaisée par le fait que les laboratoires sont aujourd'hui incités à « déclarer les risques de ruptures et les ruptures de stock le plus en amont possible ». Un changement qui n'explique pas tout cependant. Afin de motiver les laboratoires à faire davantage d'efforts pour contrer les pénuries, l'ANSM a d'ailleurs décidé cet été d'augmenter « le montant des sanctions applicables (aux laboratoires) en cas de manquements ». Un renforcement des sanctions qui est entré en vigueur le 1er octobre.
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