Les médecins et les pharmaciens ne sont pas à l’origine de tous les maux liés à la iatrogénie de la personne âgée. Le comportement du patient est parfois en cause, il a besoin d’être assisté, surtout lorsqu’il est polymédiqué et en perte d’autonomie. Il faut se méfier en particulier des ordonnances « mille feuilles » qui font intervenir plusieurs acteurs de santé (cardiologue, urologue, gérontologue…). Elles provoquent non seulement des risques d’erreurs de prise chez le malade, mais elles multiplient aussi les interactions médicamenteuses et les effets indésirables.
« Chaque patient est unique, il est indispensable que le pharmacien connaisse dans quel environnement il évolue pour adapter sa communication et ses conseils, estime le Pr Calop. On va vers une gérontologie standardisée avec ouverture d’un dossier qui établit la relation très individuelle du patient avec ses médicaments. » Il faut comprendre ses attentes, ses croyances, ses connaissances ou sa mauvaise interprétation de la maladie, sa motivation à se soigner. Dans le même ordre d’idée, le pharmacien doit prendre le temps d’écouter les plaintes, même les plus anodines : perte d’équilibre, tête qui tourne, des bleus partout, des nausées, une fatigue persistante… Certaines sont des causes d’hospitalisations. Le changement ou la perte de goût, les difficultés à déglutir doivent conduire le pharmacien à choisir la forme galénique la mieux adaptée, sachant que toutes les formes ne peuvent pas être écrasées.
D’une façon générale, la sécurisation du circuit des médicaments au domicile nécessite d’évaluer la capacité du patient à gérer son traitement ; cela suppose la connaissance de son mode et de son rythme de vie, de son degré d’autonomie, de son état cognitif, de sa maîtrise de la langue, et de la prise en charge financière.
Éviter les médicaments inappropriés
« Les fonctions cardiaque, digestive, rénale, hépatique, respiratoire, diminuent avec l’âge », rappelle le Pr Calop. Le sujet âgé subit des transformations métaboliques qui retentissent sur la pharmacologie et la pharmacocinétique des médicaments. Il faut approfondir le devenir du médicament dans l’organisme : comment est-il absorbé, métabolisé, éliminé, sachant que le plus important à surveiller est l’état de la fonction rénale. « C’est une priorité, elle permet d’adapter les posologies et d’éviter les surdosages, insiste le conférencier. Le pharmacien doit essayer de se procurer les examens biologiques du patient, en particulier le débit de la filtration glomérulaire (DFG) et son évolution sur un an. Son altération peut être d’origine iatrogène. Les médicaments les plus néphrotoxiques sont les anti-inflammatoires au long cours, mais aussi les IEC, les ARA II, et les aminosides. »
Pour éviter des excès ou des insuffisances de traitement, il faut savoir distinguer le nécessaire, le superflu et l’indispensable, et être très vigilant sur les médicaments potentiellement inappropriés (MPI). Ceux qui sont les plus à risque d’accidents iatrogènes sont les antivitamines K (33 %), l’insuline (14 %), les antiagrégants plaquettaires, les antidiabétiques oraux et tous les médicaments à marge thérapeutique étroite.
La survenue des chutes est un autre événement très redouté chez le sujet âgé ; 50 % d’entre elles ont une origine cardiaque, vasculaire, neurologique, ou métabolique. Le pharmacien doit se montrer vigilant lors de la délivrance de certains médicaments (anxiolytiques, BZD, antidépresseurs, antidiabétiques, alpha bloquants, laxatifs, antiparkinsoniens, la L-dopa) et informer le patient du danger potentiel.
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