Le Quotidien du pharmacien.-L’utilisation de pseudoéphédrine et autres vasoconstricteurs dans le rhume est-elle si délétère pour la santé publique ?
Pr Pierre Bonfils.- Ces médicaments ne sont pas les plus gênants sur le plan collectif mais sont très problématiques sur le plan individuel. Car ces traitements de confort à effet décongestionnant immédiat mais peu durable présentent un risque d’accidents rares mais graves : hémorragies intracrâniennes, infarctus, etc. parfois mortels. Peut-on prendre de tels risques pour avoir le nez moins bouché quelques dizaines de minutes ? La réponse est non.
Le rapport suggère de relister ces décongestionnants. Est-ce suffisant ?
Il faut supprimer l’emploi des vasoconstricteurs, au moins chez les sujets âgés, présentant une hypertension artérielle, une pathologie coronarienne, ou d’autres facteurs de risque cardiovasculaire. Mais on a aussi décrit des accidents chez des patients sans facteur de risque. Cette alerte vaut pour tous les médicaments décongestionnants, soumis ou non à prescription : les médecins doivent aussi faire attention.
D’autres médicaments utilisés contre le rhume posent-ils problème ?
Sur le plan collectif, le problème le plus important dans le traitement du rhume concerne les mauvaises prescriptions d’antibiotiques et de corticoïdes per os. Alors que seulement 2 % des rhumes se soldent par des complications bactériennes, plus de 25 millions de boîtes d’amoxicilline, 11 millions de boîtes d’Augmentin ou équivalent, et 5,5 millions de boîtes de pristinamycine restent utilisées contre la maladie. De même, des corticoïdes sont massivement prescrits hors AMM, avec des pics de consommation calqués sur les épidémies. D’où des impacts économiques et sanitaires importants, avec risques d'antibiorésistance, effets indésirables fréquents, etc.
Pourquoi autant de prescriptions abusives ?
D’un point de vue nosologique, pour beaucoup de patients ou professionnels, avoir le nez bouché et des céphalées est synonyme de sinusite, donc d’antibiotiques. Pourtant, selon les sociétés américaines d’ORL et de pathologie infectieuse, des antibiotiques sans corticoïde sont recommandés dans trois cas uniquement : symptômes persistants à 10 jours, sévères ou atypiques d’emblée, ou marquant un rebond après une décroissance. Il y a sans doute aussi un problème d’impatience, avec des demandes de traitement pour une pathologie spontanément résolutive en 15 jours dans 85 % des cas, dont les symptômes régressent en général après une acmé au 4e jour.
Comment améliorer la situation ?
Il faut un observatoire du rhume afin de suivre les prescriptions, lutter contre les idées reçues sur les symptômes et le traitement du rhume, et réfléchir à ce qui apparaît collectivement acceptable face à la maladie la plus fréquente chez l’Homme.
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