HÉSITATIONS et maladresses de la communication nationale sur les génériques, défiance et surtout méconnaissance du sujet par les patients, les raisons du « retard français » en matière de génériques et de substitution sont bien connues, et le débat associant des pharmaciens, des médecins et des responsables des caisses en a une fois de plus constaté les conséquences. Dans le Bas-Rhin, par exemple, le taux de substitution stagne à 77,8 % du répertoire, mais remonte à 81 % dans le Haut-Rhin. C’est aussi à Strasbourg que le taux de « non substituable » est le plus élevé, à plus de 12 %, mais les médecins présents ont rappelé les forts rejets du générique par leurs patients, tandis qu’un assuré présent au débat s’époumonait, de manière aussi caricaturale qu’agressive, contre la substitution effectuée par les pharmaciens. Pourtant, rappelle la caisse primaire du Bas Rhin, « si l’Alsace atteignait l’objectif national de 85 %, elle économiserait 7,4 millions supplémentaires, qui pourraient être réinvestis dans des nouveaux traitements et médicaments coûteux ».
Le cas de l’Allemagne.
La situation est bien plus calme dès que l’on passe le Rhin, où la part des génériques atteints 76 % du total des médicaments prescrits, et où plus personne n’en conteste la validité. Responsable des questions pharmaceutiques à l’AOK régionale du Bade-Wurtemberg, la principale caisse de maladie de ce Land voisin immédiat de l’Alsace, le Dr Jürgen Bleil rappelle que si la politique en faveur des génériques a été encore renforcée, depuis 2006, par le système des appels et des remises obligatoires, elle est d’autant mieux acceptée des assurés que ceux-ci sont associés aux économies. En effet, lorsqu’un pharmacien délivre un générique acheté en appel d’offres, le patient est dispensé du ticket modérateur de 10 % par boîte qui s’applique aux médicaments non régis par ce système, génériques ou non. De plus, si le patient exige une spécialité alors qu’il existe un générique, il doit lui-même payer la différence de prix, ce qui limite les ardeurs critiques des patients sur ces produits…
Des « sanctions » beaucoup plus lourdes que le seul refus du tiers payant, constatent les caisses françaises, même s’il est clair qu’un système ne peut être importé d’un pays à l’autre sans réformes profondes, et sans évolutions des mentalités. Revenant sur le « NS », le Pr André Grimaldi, grand témoin de la rencontre, regrette d’ailleurs que les relations entre les caisses et les médecins français restent basées sur l’affrontement : « plus les caisses embêtent les médecins, et plus les médecins embêtent les caisses », constate-t-il avant de rappeler que les patients, totalement désorientés par des informations contradictoires, se raccrochent à des idées toutes faites, dont le fameux « si c’est plus cher c’est que c’est mieux ».
Mais si le système allemand des appels d’offres permet d’économiser plus de 3 milliards supplémentaires par an, en plus des économies dégagées par les différences de prix entre les génériques et les spécialités, il se fait au prix d’une grande complexité administrative… et pèse lourdement sur les marges de tous les professionnels du médicament, des producteurs jusqu’aux pharmaciens.
Toutefois, le débat franco français sur les génériques devrait bientôt se tarir, car la généralisation des prescriptions en DCI le rend d’emblée caduc, y compris au niveau du public. Intervenant à la fin de la rencontre, une jeune pharmacienne souligne combien elle a été frappée, lors d’un stage en officine en Angleterre, de voir que personne ne posait la question de la qualité des génériques, perçus là-bas comme une évidence. Pour les organisateurs de la rencontre, il faut souhaiter que cette évidence s’impose aussi bientôt dans la région. En attendant, rappelle un autre officinal, « le générique rend notre profession encore plus complexe »… tandis que tous les intervenants s’accordent sur le fait que le système de santé aurait beaucoup à gagner en se simplifiant.
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