Malgré une pétition, le soutien du syndicat Force Ouvrière (FO), les nombreux articles dans la presse locale s'indignant du sort réservé aux seize salariés, et malgré la venue sur place d'Hervé Jouves, président du réseau Lafayette, la pharmacie Occitane d'Auch, dans le Gers, n'a officiellement plus le droit de vendre de médicaments. Attendue depuis le 28 août, date à laquelle le Conseil de l'Ordre régional (CROP) a statué sur cette affaire aux multiples rebondissements, la sanction a été confirmée par recommandé, le 5 septembre. Le courrier reçu par les deux titulaires confirme leur radiation de la section A, jusqu'à ce qu'ils changent d'emplacement. La pharmacie Occitane devra donc, dès aujourd'hui, se contenter de vendre des produits de parapharmacie à ses clients. Depuis le 29 août, les médicaments dispensés ne sont déjà plus « remboursés par la Sécurité sociale » comme l'a confirmé un employé à « La Dépêche du Midi ». Si Hervé Jouves dénonce « une situation ubuesque, une volonté d'abattre et un manque total d'impartialité » dans ce dossier, le CROP, par la voix de son président, Bruno Galan, estime avoir simplement « appliqué une décision de justice » et rappelle l'importance de « veiller à la bonne répartition géographique » des officines. Le jugement du CROP fait suite aux plaintes de quatre pharmaciens auscitains, irrités par le transfert de cette officine. Autorisé par l'agence régionale de santé (ARS) en 2016, ce transfert a ensuite été déclaré illégal par le tribunal administratif de Pau, deux ans plus tard. Le feuilleton est encore loin d'être terminé ; un appel a déjà été adressé au tribunal administratif de Bordeaux et l'ARS a fait de même, demandant « une demande de sursis en exécution ». Les deux titulaires s'apprêtent aussi à contester leur radiation et pourraient même « monter un collectif », selon Hervé Jouves.
Des emplois en question
Les salariés de la pharmacie Occitane « veulent encore garder espoir », même si une nouvelle plainte vient à nouveau de tomber. L'une des officines plaignantes estime en effet « que les pharmaciens ont fait pression sur la presse et le syndicat FO ». Dans ce dossier complexe, la disparition possible de seize emplois a soulevé une certaine émotion, notamment chez les clients de cette pharmacie. Un argument « fallacieux » pour l'un des officinaux à l'origine de la plainte, qui tient à rappeler que « 10 % des pharmacies gersoises ont perdu leur licence au cours des dernières années, sans que la presse ne souhaite en parler ». Il estime que la concurrence exercée par cette pharmacie du réseau Lafayette n'a pas été sans conséquence sur l'activité de nombreuses officines alentour. Comme le confirme un autre officinal installé dans une autre commune gersoise, « de nombreux confrères ont beaucoup de mal à recruter ou à trouver des remplaçants », dans ce département rural. Ainsi, l'une de ses consœurs a récemment dû attendre neuf mois pour trouver un préparateur. « La ville d'Auch dispose de 8 pharmacies », ajoute le pharmacien plaignant, un nombre plutôt élevé pour une ville d'environ 20 000 habitants si l'on se réfère aux statistiques au niveau national. Comme de nombreux pharmaciens et patients gersois, il redoute davantage le « départ à venir de plusieurs médecins » dans les mois à venir.
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