LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - Les officines proposant un espace dédié et les utilisateurs du libre accès augmentent chaque année. Comment analysez-vous ce phénomène ?
PASCAL BROSSARD. - Le libre accès se développe correctement, même s’il existe de grandes différences d’une officine à l’autre. Certaines ont mis en place un véritable rayon quand d’autres ont un espace dédié plus limité. Mais ce développement est une tendance lourde et les pharmaciens ont fait des efforts importants.
L’étude pointe un défaut d’information. Par exemple, 50 % des utilisateurs ne lisent pas la notice des médicaments qu’ils achètent et peuvent faire des erreurs de dosage. Comment y remédier ?
Il faut renforcer l’information sur l’automédication au sens large, notamment par une vaste campagne grand public comme nos autorités savent les mener. Le développement responsable de l’automédication ne peut se faire sans éducation. Cela fait partie des propositions de l’AFIPA formulées en octobre dernier. Nous n’avons pas été entendus pour le moment, mais nous avons repris notre bâton de pèlerin pour rencontrer les personnes en charge de ces questions, à la suite des changements intervenus avec les dernières élections. Parmi nos propositions, nous évoquons aussi l’idée d’améliorer la formation du pharmacien et de son équipe sur ce sujet, ainsi que celle des médecins. Ces derniers ne s’y intéressent pas, alors même que cela fait partie de leurs aires thérapeutiques.
Selon vous, le libre accès fait-il émerger un nouveau profil d’utilisateurs, comparant les prix et plus attentifs aux marques ?
C’est davantage une question de pratique que de profil. Les patients aujourd’hui se soignent de plus en plus par eux-mêmes pour les pathologies bénignes, ils veulent être plus autonomes. Ils posent leurs questions au pharmacien. On constate d’ailleurs que le lien patient-pharmacien s’est renforcé. Parallèlement, les médecins sont moins disponibles. C’est cet environnement qui favorise le développement de l’automédication, comme c’est le cas dans tous les pays d’Europe.
L’enquête montre une hausse du nombre de personnes prêtes à acheter des médicaments sur Internet. Est-ce un phénomène inquiétant ?
Il n’y a pas de lien entre cette augmentation et l’automédication ou le libre accès. Il faut rapporter ces réponses à l’évolution des ventes sur Internet en général. Aujourd’hui, on y achète ses voyages, ses chaussures, cela devient un réflexe naturel. Je rappelle que la vente de médicaments sur Internet en France est interdite et que l’AFIPA y est opposée. Si on y regarde de plus près, on se rend aussi compte que les patients sont conscients des risques en termes de contrefaçon, de qualité des produits, de l’absence de conseil pharmaceutique. Les inconvénients sont nombreux alors qu’ils bénéficient de pharmacies dont l’accès est facile, ouvertes sur de longues plages horaires, qui peuvent répondre à leurs besoins en toute sécurité. L’accès de médicaments sur Internet n’est pas du tout une demande des consommateurs. En tout cas, pas à court terme.
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