LA CONTREFAÇON des médicaments est un fléau mondial qui touche particulièrement les pays en voie de développement, dont l’Afrique où les « médicaments de la rue » sont partout. Plusieurs facteurs peuvent expliquer l’importance de ce phénomène, qu’il s’agisse des faiblesses de la législation et des contrôles, ou des attitudes des gouvernements qui sont parfois complices… La corruption existe à tous les niveaux et les coupables sont souvent protégés ou intouchables.
Les pharmaciens ont un rôle important à jouer dans la lutte contre les médicaments falsifiés. La CIOPF, sous l’impulsion de Jean Parrot, a déjà, en 2006, lancé un appel pour que les pharmaciens s’engagent pour préserver la sécurité des patients face aux médicaments (déclaration de Beyrouth).
« Les médicaments contrefaits présentent des risques majeurs pour la santé. Ce sont des tueurs silencieux fabriqués et distribués par des criminels », a souligné le Dr Ziad Nassour, vice président de la CIOPF. Les produits ne contiennent pas les actifs attendus et, en plus, ils renferment souvent des substances toxiques.
« Le seul moyen existant, c’est l’information du public par des campagnes de sensibilisation utilisant les médias et les officines. » C’est ainsi qu’au Liban, comme dans d’autres pays (comme la Cote d’Ivoire), les Ordres de pharmaciens se mobilisent auprès des populations, peu conscientes du risque, en leur rappelant qu’un produit contrefait peut être mortel. Les messages visuels sont très forts : sur les affiches au Liban, par exemple, la gélule de médicament se transforme en balle de revolver qui transperce le corps… Il faut coordonner les efforts de tous les professionnels de santé, mais aussi ceux de la police, de la justice et des douanes. Parmi les mesures proposées par la CIOPF, la création d’un cadre légal adéquat afin d’encourager une application plus rigoureuse des lois (notion de « crime pharmaceutique »).
Comme l’a déclaré le Pr Marc Gentilini, délégué général pour l’accès aux médicaments de qualité de la Fondation Jacques Chirac, « l’heure est à la mobilisation des politiques ; ce n’est qu’à cette condition que les choses pourront bouger ». L’appel de Cotonou sur les médicaments falsifiés de Jacques Chirac, le 12 octobre dernier, qui a mobilisé sept chefs d’État et des organisations internationales, ne doit pas rester sans écho.
« L’OMS devrait être plus mobilisée sur les vrais problèmes. Elle est trop focalisée sur la grippe (A)H1N1…, a souligné le Pr Marc Gentilini. Le rôle de la Fondation Jacques Chirac est d’aiguillonner l’OMS. » Son Assemblée générale se tiendra à Genève, en mai 2010, et elle sera l’occasion de rappeler ce grave problème.
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