2023 a mal commencé avec de fortes ruptures et tensions d'approvisionnement en amoxicilline, paracétamol, corticoïdes, insuline. Quelques mesures ponctuelles ont alors été prises, comme l’interdiction de vendre du paracétamol en ligne en janvier, ou la possibilité donnée au pharmacien de délivrer un autre médicament pédiatrique à base de paracétamol si celui prescrit est en indisponibilité immédiate. La situation s’améliore quelque peu en février, avec l’arrivée de stocks en amoxicilline et en paracétamol pédiatrique, dans un contexte de demande en baisse sur ces molécules.
Une politique sous les feux des critiques
Néanmoins, la politique du médicament à la française fait l’objet de toutes les critiques et le gouvernement commence à songer sérieusement à agir globalement contre les pénuries. En février, une commission d’enquête du Sénat sur les pénuries de médicaments est mise en place et auditionnera les politiques, les représentants de la profession et associations de patients avant de rendre ses conclusions le 2 juillet. Le groupe présente alors 36 recommandations. Parmi elles, figure l’importance de conditionner les aides publiques à des engagements tels que la pérennité de la présence industrielle et l’approvisionnement du marché français. Ou la nécessité d’allouer à l’agence du médicament des moyens pour mieux contrôler les obligations des laboratoires titulaires de médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM). Le rapport estime, par ailleurs, qu’il y a urgence à « mettre en œuvre une fabrication publique de certains médicaments sous le contrôle de la pharmacie centrale de l’AP-HP » et à favoriser le recours à des solutions d’urgence alternatives, notamment en réformant le statut juridique des préparations officinales. Parmi les autres solutions envisagées : « mieux réguler et encadrer la vente directe des laboratoires vers les pharmacies, qui privilégie certaines officines géantes au détriment des autres pharmacies. » Ou « porter une attention particulière à l’approvisionnement des officines de zones peu denses ». Ou encore, généraliser le recours aux TROD en pharmacie.
Peu avant la publication de ces recommandations, une importante communication a été faite par Emmanuel Macron en personne : le président a annoncé la relocalisation en France de la production d'une cinquantaine de médicaments essentiels, pour la plupart des génériques. Dans le même temps, le ministère de la Santé a dévoilé une liste de 450 médicaments qui feront l'objet de mesures renforcées, afin d’assurer la disponibilité d’au moins un médicament essentiel pour une classe thérapeutique donnée et pour une pathologie donnée.
Un plan hivernal
Puis le mois d’octobre fait place à de multiples mesurettes. Au 1er octobre, le gouvernement propose une augmentation du prix de l'amoxicilline de 10 % aux laboratoires qui s’engagent en contrepartie à fournir une production suffisante pour écarter tout risque de pénurie. Puis c’est au tour de l’ANSM de dévoiler son « plan hivernal 2023-2024 » pour lutter contre les pénuries de médicaments. L’approvisionnement de quatre types de médicaments est scruté semaine après semaine : antibiotiques (amoxicilline), antipyrétiques (paracétamol), corticoïdes oraux (prednisone et prednisolone) et antiasthmatiques (corticoïdes, fluticasone et salbutamol). En cas d’évolution problématique, l’ANSM pourra alors prendre des mesures exceptionnelles comme importer des médicaments, contingenter, avoir recours aux préparations magistrales ou aux ordonnances de dispensation conditionnelle… Enfin, le 22 novembre, c’est une charte de bonnes pratiques, censée garantir « une disponibilité équitable des médicaments en tout point du territoire national en cas de tensions d’approvisionnement », qui a été remise au ministre de la Santé et signée par l'ensemble des professionnels du médicament. Les signataires s’engagent notamment à s’informer mutuellement des disponibilités des médicaments et dialoguer avec l’ANSM. Les industriels s'engagent à « prioriser les flux de distribution au profit des grossistes-répartiteurs ». De leur côté, les officinaux promettent de « garantir un niveau de commande n’excédant pas de façon déraisonnable le besoin de leur patientèle », et de « privilégier les commandes auprès de leur grossiste-répartiteur principal ». Toutefois, aucune mesure contraignante n'y figure.
D’autres mesures suivront en 2024, dans le PLFSS. Ce dernier, qui a été adopté via un 49.3 le 4 décembre, prévoit que les officinaux - hors exercice coordonné - puissent prescrire directement des antibiotiques en cas de cystite ou d’angine bactérienne après avoir réalisé un TROD. Il prévoit également, en cas de rupture ou difficulté d’approvisionnement, de pouvoir rendre obligatoire la dispensation à l’unité des médicaments, interdire la prescription en téléconsultation des antibiotiques, ou autoriser les officinaux à faire des préparations officinales spéciales.
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