QUI AURAIT parié, en juillet 2008, que le rayon libre accès serait, cinq ans plus tard, présent dans 70 % des officines françaises ? Bien peu d’entre nous, sans doute. Il faut dire qu’à l’époque de son autorisation, la mise en vente devant le comptoir de quelques spécialités de médication officinale n’avait pas suscité l’enthousiasme. Notamment chez les pharmaciens. Un sondage réalisé par IPSOS au printemps 2008 montrait même un rejet massif de la mesure par 84 % des officinaux interrogés. Les patients eux-mêmes semblaient alors un peu indifférents à cette révolution de comptoir. Plus convaincue, l’AFIPA estimait, elle, au contraire, dès 2008, que la nouvelle mesure allait contribuer positivement à l’évolution du comportement des Français en matière de soins. Depuis, les choses ont bien changé. Et les avis des uns semblent avoir rejoint ceux des autres. Les résultats du baromètre annuel (2) réalisé par l’AFIPA, que « Le Quotidien » s’est procuré, montrent ainsi que, en 2013, 7 officines sur 10 disposent désormais d’un rayon libre accès. Bon gré, mal gré, les pharmaciens s’y sont donc mis. Mais au-delà, c’est le comportement même des Français qui semble avoir changé en matière d’automédication.
Le conseil officinal toujours utile.
Aujourd’hui, 70 % des consommateurs achètent au moins une fois par an des médicaments sans ordonnance et 74 % ne s’adressent pas à leur médecin pour venir à bout des petites pathologies. Autre indice d’évolution des comportements d’automédication, les médicaments sont, d’année en année, de mieux en mieux connus des Français. L’enquête de l’AFIPA révèle ainsi que les leaders du conseil officinal sont « maîtrisés » par 90 %, voire 99 % de vos clients. Mais rassurez-vous, pour autant, vos conseils restent utiles, voire indispensables pour plus de 8 Français sur 10. Quant à l’aspect économique de la vente conseil, il semble que le prix du médicament reste un facteur prépondérant dans le choix final, notamment par rapport à la marque. Les adeptes du libre accès ont plus recours à l’automédication que les non-utilisateurs (97 % contre 89 %).
Le libre accès séduit deux fois qu’en 2012.
Côté libre accès, justement, le principal enseignement de l’enquête réalisée par l’AFIPA concerne l’engouement de plus en plus grand pour le nouveau rayon. En 2013, les médicaments présents dans la surface client ont « séduit » plus de deux fois plus qu’en 2012. Quarante-quatre pour cent des répondants affirment avoir eu recours à ce rayon (5 fois et plus), contre 19 % en 2012, et seulement 7 % en 2011. Des chiffres qui témoignent d’une évolution notable des habitudes de soins de nos contemporains. Riche d’une offre de quelque 455 spécialités, la médication officinale en libre accès souffre encore pourtant d’un défaut de lisibilité. Huit Français sur dix s’estiment « peu » ou « pas du tout » informés sur l’existence du rayon. Une information qui, pour 42 % d’entre eux, devrait être assurée par le pharmacien.
Dans le même temps, la proportion de ceux qui déclarent observer ou chercher la zone libre accès augmente. Ce qui témoigne de l’intérêt grandissant des Français pour le jeune rayon et augure même de belles perspectives de croissance pour le marché. De 2011 à 2013, la proportion des consommateurs déclarant qu’ils auront de plus en plus tendance à acheter des médicaments en libre accès est passée de 46 % à 53 % (« plutôt oui » + « oui, certainement »). Parallèlement, et c’est somme toute logique, les freins à l’usage du libre accès se sont un peu effrités. Alors qu’ils étaient 51 % (tout à fait d’accord) à craindre la consommation risquée et le surdosage associé au libre accès en 2012, ils ne sont « plus que » 37 % aujourd’hui.
2) Baromètre du libre accès en 2013 réalisé par le Master marketing de la santé de l’université Pierre et Marie Curie.
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