- Appelez-moi le pharmacien responsable. Appelez-moi Monsieur Pontignac. Tout de suite !
Damien, le préparateur, a déjà essuyé de nombreux mécontentements de patients au cours de sa carrière. Mais le couple qui se tient en face de lui est particulièrement agressif et un peu d'aide de la part des collègues serait la bienvenue.
- Écoutez, je vais le chercher, mais essayons de nous calmer…
- Alors ça on verra, répond l'homme.
Lui et sa femme ont la soixantaine bien tassée. Prenant à partie la patiente du comptoir d'à côté, le couple explique :
- C'est quand même incroyable. On prend des médicaments et ces médicaments sont toxiques. Évidemment, c'est du générique !
Et l'épouse d'ajouter, en montrant du doigt Damien :
- Et c'est vous d'ailleurs qui m'avez donné ça la dernière fois pour remplacer mon Cotareg.
Désabusé, Damien se tourne vers Juliette, sa voisine de comptoir. Il hausse les épaules. Juliette, après s'être excusée auprès de sa cliente, intervient :
- Monsieur, mon collègue vous a expliqué. Vous pouvez continuer à prendre ce médicament. Il n'y a pas eu de rappel auprès des patients, uniquement en pharmacie. Ce n'est pas nous qui décidons, c'est l'Agence du médicament.
- À la radio, ils ont dit que ce médicament contenait un produit toxique et qu'il ne fallait plus l'utiliser. Ils l'ont dit dans « les Grandes gueules ».
Laissant Juliette, Damien se dirige vers le back-office pour aller chercher J-C. Il croise Karine, l'autre titulaire :
- Ça va ? Je vais vacciner une patiente mais si tu as besoin d'aide, je la fais patienter.
- Je ne sais pas. Ils sont remontés comme une horloge, et il y en a toujours un pour relancer l'autre. Ils veulent voir J-C.
J-C sort justement du bureau, alerté par Nicole Bertin, l'autre préparatrice, et surtout par les braillements des deux clients.
- Alors qu'est ce que c'est que ce bordel ? Ils n'ont pas eu leur Xanax ces deux-là ?
- Bon, je vous laisse. Je suis dans la salle Pasteur, avec le p'tit, lance Karine en rejoignant la salle de vaccination, surnommée salle Pasteur.
Pendant ce temps, les deux clients continuent à se plaindre et à raconter leurs déboires aux autres clients de la pharmacie. Arrivé face à eux, J-C les salue en leur serrant la main, et leur demande de lui réexpliquer la situation. Damien est à ses côtés ; Juliette se remet à son poste. Ces patients ne comprennent pas pourquoi la pharmacie ne les a pas contactés pour qu'ils rapportent leur boîte de valsartan/hydrochlorothiazide, suite au rappel de lots. Ils accusent la pharmacie de ne pas avoir fait son travail. Devant J-C, les deux patients se calment un peu.
- C'est que, vous comprenez M. Pontignac, votre préparateur nous a donné ce médicament la dernière fois et aujourd'hui on apprend à la radio qu'il est toxique.
- Je comprends que vous soyez inquiets. Mais d'abord, ça ne sert à rien de s'énerver et surtout de manquer de courtoisie. Mon collègue a fait son travail. Il n'y avait pas de raison de ne pas substituer. Ensuite, venez nous voir plutôt que d'écouter la radio ou la télé. L'information est parfois un peu… simplifiée. Et ce n'est ni Bourdin ni Élise Lucet qui décident des mesures à prendre en cas d'alerte. Alors, montrez-moi cette boîte. Nous allons déjà vérifier si elle est dans la liste des médicaments à retirer… (À suivre…)
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