DANS UNE DIZAINE de jours, les officines françaises pourront ouvrir un comptoir virtuel. Le 12 juillet, en effet, le commerce en ligne de médicaments deviendra réalité. Près de 4 000 spécialités pourront ainsi être commandées sur les sites adossés à une pharmacie et autorisés par les agences régionales de santé (ARS) dont elles dépendent. Une petite révolution qui pourrait « booster » les ventes des produits de prescription médicale facultative (PMF). Certes, le marché français se porte plutôt bien avec un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros, en hausse de 8 points, relève une étude d’IMS Health (voir ci-dessous). Mais les résultats du premier observatoire européen sur l’automédication mis en place par l’AFIPA* mettent en évidence un retard de la France, dont la part de marché en volume atteint 15,9 %**, contre une moyenne de 23,3 % pour ses voisins. À l’échelle européenne, le marché affiche une croissance de 2,1 % en 2012, mais reste très variable selon les pays.
Potentiel de développement.
Mais comment expliquer que notre pays soit à la traîne en matière d’automédication ? Pour l’AFIPA, cette tendance résulte d’une triple particularité du marché hexagonal : « la présence fréquente, pour une même molécule, d’un statut de médicament à prescription médicale obligatoire et facultative, la culture de prise en charge collective du petit risque et la confusion entre responsabilité de la prise en charge individuelle et l’efficacité propre du produit (service médical rendu insuffisant) ». L’association pointe également la situation économique difficile qui affecte le pouvoir d’achat des ménages et pénalise les ventes de médicaments non remboursés. Mais le paramètre financier n’explique pas à lui seul le retard de la France sur ce marché. En effet, les prix des produits conseil français sont plutôt bas, de l’ordre de 4,50 euros en moyenne, contre 5,20 euros dans les huit pays étudiés et jusqu’à 8,50 euros en Allemagne. De plus, ces prix ont tendance à baisser en France depuis douze ans et les écarts de tarifs relevés pour un même produit tendent à se réduire entre les pharmacies qui le vendent le plus cher et celles qui le vendent le moins cher. Résultat, le niveau de dépenses en automédication est en moyenne de 34,50 euros en France, contre 39,20 euros en moyenne pour les huit pays étudiés et jusqu’à 58 euros pour la Belgique et 56,60 euros pour l’Allemagne. Dans ce contexte, l’AFIPA estime qu’« il existe encore un potentiel de développement important de l’automédication en France ». Si 95 molécules sont actuellement commercialisées en automédication dans l’Hexagone, ce qui est proche de la moyenne des huit pays étudiés (94), 53 nouvelles molécules seraient « potentiellement éligibles pour une utilisation en automédication », note l’observatoire.
Internet ne peut pas tout.
En fait, le président de l’AFIPA, Pascal Brossard, mise davantage sur le délistage de molécule que sur le commerce sur Internet pour ramener le marché français à hauteur de ses voisins. Car, observe-t-il, « la vente en ligne de médicament reste assez minoritaire, même dans les pays qui l’ont mise en place depuis dix ans ». Autorisée au Royaume-Uni en 2000 et en Allemagne en 2004, la vente d’automédication sur internet ne dépasse en effet pas 8 % dans ces deux pays ; elle s’élève à seulement 7 % en Belgique et à 3 % en Suède et aux Pays-Bas.
Pour Pascal Brossard, « l’automédication doit être une étape du parcours de soins sécurisé par le pharmacien, avec une inscription des achats dans le dossier pharmaceutique ». Il réclame « une politique de délistage plus volontariste, une meilleure information des patients et un renforcement de la formation des professionnels de santé ».
**Les données de délivrance en France sont issues du panel Xpr-SO de Celtipharm, rassemblant 3 004 pharmacies représentatives de l’ensemble des officines françaises.
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