DÉCIDÉMENT, les pouvoirs publics s’intéressent de près à la pharmacie. Quand ce n’est pas la Cour des comptes, c’est l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) qui passe au crible les activités du secteur. Cette fois, c’est au tour de l’Autorité de la concurrence de lancer une enquête. Une enquête d’ampleur car elle concerne l’ensemble des acteurs de la chaîne du médicament, des laboratoires aux officinaux, en passant par les grossistes-répartiteurs. L’objectif ? « Analyser le fonctionnement de la concurrence sur l’ensemble de la chaîne de distribution du médicament. » En fait, l’instance part à la recherche de leviers de concurrence qui seraient peu ou pas actionnés afin de faire baisser les prix. Elle compte notamment scruter la substitution générique et la vente de médicaments en ligne pour « vérifier que ces nouvelles opportunités bénéficient à tous, sous forme de baisse de prix, d’accroissement des services et d’innovation », explique-t-elle dans une décision datée du 25 février.
Par exemple, dans le domaine des génériques, l’Autorité de la concurrence estime que les ventes demeurent encore trop faibles en France, alors même que leur développement devrait « conduire à instaurer une concurrence plus frontale vis-à-vis des médicaments princeps ». Aussi, devrait-elle profiter de cette enquête pour observer de plus près les pratiques de certains laboratoires pharmaceutiques susceptibles d’entraver l’entrée sur le marché des génériques.
Faire baisser les prix de l’automédication.
L’autorité administrative souhaite également faire le point sur les tarifs des spécialités d’automédication qui sont, selon elle, en constante augmentation depuis plusieurs années. « Un comparatif entre les prix des médicaments remboursables et ceux qui ne le sont pas montre que, depuis 1998, le prix des médicaments non remboursables a suivi une trajectoire inverse de celui des spécialités remboursables : les médicaments à prix libres ont augmenté de 47,8 % sur la période, quand les prix administrés diminuaient de 24 % », affirme-t-elle. Elle précise : « Étant donné l’importance de ces dépenses pour le consommateur et cette évolution des prix, il paraît utile de vérifier le fonctionnement de la concurrence dans ce secteur et notamment l’existence éventuelle de politiques tarifaires de tendance haussière et les moyens d’y remédier. » L’une des pistes que l’autorité entend explorer ne devrait pas déplaire à Michel-Edouard Leclerc, toujours à l’affût (« le Quotidien » du 25 février). En effet, prévient-elle, « l’avis analysera également les mesures qui ont été introduites dans d’autres États membres de l’Union européenne en vue de stimuler la concurrence par les prix des médicaments non remboursables (et notamment la question de la vente en supermarché), ainsi que les effets que ces réformes ont pu avoir ». Comme quoi, la préservation du monopole de dispensation n’est jamais totalement acquise.
L’atout du Net.
Mais l’apparition de médicaments dans les rayons de la GMS n’est pas encore au programme et l’Autorité de la concurrence mise sur la vente en ligne, qui représente, à ses yeux, un moyen d’intensifier la concurrence en prix et en service rendu. Pas uniquement entre pharmaciens hexagonaux. En effet, pour elle, cette concurrence relève « non seulement du fait de pharmaciens actifs sur le territoire français, mais aussi de pharmaciens établis dans d’autres États membres de l’Union européenne, pour autant qu’ils respectent la réglementation en vigueur en France ». L’instance plaide aussi pour une commercialisation sur Internet de l’ensemble des médicaments non soumis à prescription, tout en laissant la possibilité aux autorités sanitaires d’interdire au cas par cas la vente en ligne de certains médicaments précisément désignés, pour des raisons objectives de santé publique.
L’impact des ventes directes.
Les enquêteurs de l’Autorité de la concurrence s’intéressent aussi aux grossistes-répartiteurs. En particulier de l’impact des ventes directes sur leur activité. « Il conviendra par ailleurs d’étudier la pression concurrentielle que peuvent encore exercer les grossistes-répartiteurs dans la distribution pharmaceutique, notamment lorsqu’ils importent et/ou exportent des spécialités pharmaceutiques en provenance ou vers d’autres États membres de l’Union européenne, tout en tenant compte des risques de ruptures d’approvisionnement et de pénuries que de telles activités peuvent créer sur le territoire national », indiquent-ils.
L’enquête ne fait que commencer. Les premières conclusions seront soumises à consultation publique l’été prochain, avant que l’avis définitif soit rendu à la fin de l’année.
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