À l’occasion de la 25e Conférence internationale sur le VIH, qui démarre ce lundi en Allemagne, ONUSIDA a rappelé son objectif d'éliminer le sida comme menace de santé publique d'ici 2030, Si des progrès ont été observés en 2023, le chemin reste encore long avant d’espérer atteindre cet ambitieux objectif. Pour y parvenir, l’agence onusienne espère notamment que le laboratoire pharmaceutique américain Gilead autorisera la fabrication générique de son nouveau traitement contre le VIH.
Le Programme commun des Nations Unies sur le sida (ONUSIDA) compte bien rayer le VIH de la liste des maladies représentant une menace pour la santé publique. Une date butoir a même été fixée par l’agence onusienne pour y parvenir : 2030. Certains chiffres encourageants laissent penser que cet objectif n’est pas inatteignable. Ainsi, en 2023, des progrès ont été observés concernant le nombre de nouvelles infections, le traitement des patients séropositifs ou sur la baisse de la mortalité.
L’année dernière, un peu moins de 40 millions de personnes vivaient avec le VIH dans le monde, révèle le rapport annuel de l'organisation. Environ 1,3 million de personnes ont été nouvellement infectées en 2023, soit environ 100 000 de moins que l’année précédente. C’est même 60 % de moins que lors du pic de 1995, quand 3,3 millions de personnes avaient été contaminées par le VIH. L’accès aux traitements est également plus aisé aujourd’hui. À fin décembre 2023, 30,7 millions de personnes avaient accès à une thérapie antirétrovirale, contre seulement 7,7 millions en 2010.
Néanmoins, ces progrès restent fragiles, tempère ONUSIDA. Le VIH tue encore beaucoup même si, là aussi, une amélioration est observée (630 000 morts en 2023, contre 670 000 décès l'année précédente). Un quart des personnes atteintes du VIH ne reçoit pas de traitement. Des régions du monde, comme l’Afrique orientale et australe, restent particulièrement touchées et le nombre d’infections repart à la hausse en Europe de l’Est, en Asie centrale ou encore en Amérique latine. Les progrès, s’ils existent, sont donc globalement insuffisants et ne permettront sans doute pas d’atteindre un autre objectif fixé par ONUSIDA, enregistrer moins de 330 000 nouvelles infections en 2025 au niveau mondial.
Concernant le but affiché d’exclure le VIH des menaces pour la santé publique en 2030, tout dépendra des décisions prises cette année par les responsables politiques, jugent ONUSIDA et sa directrice exécutive, Winnie Byanyima. « Le monde n'est pas sur la bonne voie pour réussir (à tenir l'objectif 2030). On ne s'attaque pas assez aux inégalités qui permettent à la pandémie de VIH de continuer », dénonce-t-elle notamment, évoquant les stigmatisations, discriminations et violences dont sont encore trop souvent victimes les personnes vivant avec le VIH.
ONUSIDA compte aussi sur l’appui de l’industrie pharmaceutique pour faire reculer le VIH et mieux soigner les malades. Winnie Byanyima a notamment exhorté Gilead à autoriser la fabrication générique du lenacapavir (Sunlenca), un antirétroviral injectable très prometteur qu'il suffit d'administrer tous les six mois pour traiter les patients séropositifs au VIH. S’il est aujourd’hui pris en charge à 100 % par l’assurance-maladie en France, son coût extrêmement élevé le rend inaccessible pour de nombreux patients, en particulier ceux vivant dans les pays les plus pauvres.
Ce médicament fait également l’objet de tests qui, s’ils sont concluants, pourraient également permettre son utilisation à des fins préventives. « Quels que soient les bénéfices financiers à tirer du lenacapavir, devenir le laboratoire qui a permis de vaincre la pandémie du sida aurait un impact encore bien plus grand », adresse Winnie Byanyima au groupe pharmaceutique concerné.
Avec l’AFP
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