DEUX POUR CENT des adolescents de 4e et de 3e ont déclaré avoir consommé des médicaments pour se droguer dans l’année écoulée et 7 % des jeunes de 16 ans ont pris de l’alcool avec des médicaments dans le but de « planer ou se défoncer ». « Des chiffres qui ne laissent pas indifférents », alerte Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens dans un document de l’Ordre *.
Si le mésusage récréatif du médicament chez les jeunes reste heureusement encore confidentiel, il gagne du terrain. Et la source privilégiée d’approvisionnement, c’est la boîte à pharmacie familiale, avant Internet, à moins que les produits ne soient fournis par l’entourage (un « copain »).
Des médicaments en vente libre…
Parmi les médicaments en vente libre, les plus souvent utilisés avec abus par les jeunes sont les antitussifs opiacés, les antihistaminiques et les décongestionnants. Notamment, le dextrométhorphane, le diménhydrinate, la chlorphéniramine et la pseudo-éphédrine. Les principaux effets recherchés sont l’euphorie les hallucinations, une excitation et l’augmentation de la vigilance.
De plus, de nouvelles pratiques se développent en France, venant tout droit des États-Unis : il s’agit de mélanger des sirops à base de codéine et de prométhazine (pour éviter les effets secondaires comme les démangeaisons) avec un soda. « En France, on se sert de l’Euphon, Néo-Codion, Tussipax, Padéryl ainsi que de Phénergan en sirop ou en cachets écrasés pour l’effet antihistaminique », témoigne un internaute sur le site PsychoActif qui admet que « même si la tendance est assez loin d’être générale, elle augmente ».
... ou de prescription.
Les médicaments soumis à prescription ne sont pas épargnés par le mésusage. Ainsi, on peut voir arriver à l’officine des ordonnances falsifiées, avec des modifications de posologies, de durées de prescription ou de nombre de boîtes. En revanche, dans la majorité des cas, ces ordonnances suspectes sont présentées non pas par des adolescents, mais par des personnes âgées d’une quarantaine d’années en moyenne. Les médicaments concernés sont d’abord des benzodiazépines et apparentés. Avec, en première position, le zolpidem, puis le bromazépam, l’alprazolam et la zopiclone. Viennent ensuite l’oxazépam, le tramadol, le paracétamol, l’association codéine + paracétamol, la morphine, le diclofénac.
La vigilance est de mise.
Pour le pharmacien, la vigilance est donc de mise. Pour les médicaments vendus sans prescription, le pharmacien a un devoir particulier de conseil qui doit le conduire à poser les bonnes questions, et qui peut se concrétiser par un refus de vente si nécessaire. Notamment, « concernant une demande de dextrométhorphane, le pharmacien sera vigilant sur : l’âge du client (jeune adulte ou adolescent), un état de santé qui n’est pas en rapport avec les produits demandés, de réponses évasives aux questions posées, des antécédents d’abus, des achats en grande quantité ou trop fréquents », indique l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
Quant aux médicaments vendus sur ordonnance, c’est en analysant la conformité de la prescription pharmaceutique et en vérifiant la régularité de l’ordonnance que le pharmacien sera à même de déceler les fausses prescriptions.
Ensuite, la conduite à tenir en cas d’usage détourné sera tout d’abord de refuser la dispensation. « L’idéal est d’accompagner le patient dans un espace de confidentialité, de lui rappeler la réglementation et de lui expliquer le motif du refus de la dispensation. Ensuite, il faudra essayer de diriger le patient vers une structure de prise en charge », indique Cécile Chenaf-Poizat, pharmacien inspecteur de santé publique.
Par ailleurs, les pharmaciens ont obligation de déclarer tout cas de pharmacodépendance grave au Centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance (CEIP). Généralement, la déclaration se fait auprès de l’ARS qui relaye l’information au CEIP.
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