La consommation de compléments alimentaires ou de produits de phytothérapie est en augmentation dans les pays occidentaux. Or ces produits peuvent être à l’origine d’interactions parfois graves avec des médicaments, pouvant même conduire à l’hôpital. Pour mieux cerner ce problème, une équipe israélienne a interrogé 947 patients hospitalisés sur leur consommation de ce type de produits et sur les effets indésirables qui auraient pu être provoqués par ces derniers.
Au total, 49 % des patients ont déclaré avoir consommé un complément alimentaire ou un produit de phytothérapie dans l’année. 89 produits ont été recensés dont, parmi les plus courants, la vitamine D, la vitamine B12, des multivitamines, des oméga 3 issus d’huile de poisson, du calcium, du fer, de la sauge, de l’acide folique, de la menthe poivrée, de la vitamine C. Les consommateurs étaient le plus souvent des femmes (67 %), dont la moyenne d’âge était de 61 ans.
Au final, près de 4 % des consommateurs de ces produits ont connu un événement indésirable possiblement lié à une interaction entre ces produits et un médicament. Et dans 1,8 % des cas, le patient aurait été hospitalisé en raison de cette interaction. En effet, 25 interactions ont été décrites par les patients (la relation de causalité ayant été considérée par les experts comme « probable » pour 14 d’entre elles et « possible » pour 11 d’entre elles).
Méthadone et sauge
L’effet indésirable le plus sévère a été observé chez un patient intubé pour dépression respiratoire et hypercapnie. Il pourrait s’agir d’une interaction entre la méthadone et la sauge. Cette dernière inhibe la métabolisation de la méthadone, et augmente donc son taux sanguin et ses effets secondaires, notamment respiratoires. Autre cas d’école : un patient traité par warfarine pour maladie thrombo-embolique veineuse récidivante, qui a été admis à l’hôpital pour saignements gastro-intestinaux et un INR non contrôlé. Ce patient utilisait en même temps 5 compléments alimentaires ou de phytothérapie. Quatre d'entre eux ont pu interagir avec la warfarine et en inhiber le métabolisme, provoquant des hémorragies et une élévation de l’INR (graine de lin, oméga 3 issu d'huile de poisson, camomille et sauge). D’autres interactions possiblement à l’origine d'hospitalisations ont été rapportées : thé vert avec digoxine (baisse du taux de digoxine), calcium ou fer avec la lévothyroxine (perte du contrôle de l’hypothyroïdisme), aspirine et millepertuis (anémie et hémorragie rectale), etc.
« Au total, une hospitalisation sur 55 (1,8 %) pourrait avoir été provoquée par une interaction médicamenteuse avec un de ces produits, touchant plus spécifiquement les patients âgés et avec des comorbidités », concluent les auteurs, qui estiment que ces résultats doivent inciter hôpitaux à interroger les patients sur leur consommation de compléments alimentaires ou de phytothérapie et à la reporter dans les dossiers médicaux.
* Llana Levy et coll., « British Journal of clinical pharmacology ».
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