Pharmacovigilance

De nouveaux progestatifs concernés par le risque de méningiome, mais pas tous

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Publié le 06/07/2023
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Utilisé plus d’un an, les progestatifs Colprone, Depo Provera et Surgestone exposent à un sur-risque de méningiome. En revanche, ce risque n’a pas été mis en évidence pas avec les stérilets au lévonorgestrel, ni avec Utrogestan, Duphaston et Climaston.

L’agence du médicament surveille de près tous les progestatifs après qu’un risque de méningiome a été identifié avec Androcur en 2018, puis avec Lutényl et Lutéran en 2021. Dans le cadre de cette surveillance, l’instance sanitaire a aujourd’hui mis en évidence ce même risque de méningiome avec Colprone, Depo Provera et Surgestone.

Une étude sur 18 000 femmes opérées

En effet, une nouvelle étude a été menée par le groupe Epi-phare (ANSM/assurance-maladie), chez plus de 18 000 femmes opérées d’un méningiome et plus de 90 000 femmes témoins entre 2009 et 2018, afin d’évaluer le risque de méningiome associé à l’utilisation de cette classe de médicaments. Elle montre que l’utilisation prolongée de promégestone (Surgestone 0,5 mg, qui n’est plus commercialisé en France depuis octobre 2021), de médrogestone (Colprone 5 mg) ou d’acétate de médroxyprogestérone (Depo Provera 150 mg/3 ml, contraceptif injectable par voie intramusculaire profonde à longue durée d’action - 3 mois - qui est indiqué lorsqu'il n'est pas possible d'utiliser d'autres méthodes contraceptives) est associée à un sur-risque de méningiome. Le risque est multiplié par 2,7 pour la promégestone, par 4,1 pour le médrogestone, par 5,6 pour la médroxy-progestérone. « Le risque est augmenté lorsque la durée d’utilisation de ces médicaments à la posologie autorisée par l’autorisation de mise sur le marché dépasse 1 an », précise l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

Les précédentes études avaient montré que ce risque était multiplié par 7,5 avec le nomégestrol (Lutényl), par 5,5 avec la chlormadinone (Lutéran) par 24,5 avec la cyprotérone (Androcur), dans le cadre d'une utilisation prolongée à forte dose (c'est-à-dire lorsque l'acétate de nomégestrol et de chlormadinone sont utilisés chez les femmes cisgenres et de cyprotérone chez les femmes cisgenres, les hommes et les femmes transgenres).

Pas de risque avec les stérilets hormonaux

Néanmoins, la nouvelle étude d'Epi-phare apporte de bonnes nouvelles : les résultats avec les stérilets au lévonorgestrel 13,5 mg (Jaydess) et 52 mg (Mirena), des contraceptifs largement utilisés, ne montrent pas de surrisque de méningiome. De même, l’exposition à la progestérone (par voie orale, intravaginale et cutanée) (Utrogestan et génériques) et à la dydrogestérone (Duphaston, Climaston) n’a pas été associée significativement à un sur-risque de chirurgie de méningiome intracrânien. En mars 2023, l’ANSM avait pourtant fortement suspecté ce sur-risque et établi des recommandations préliminaires « afin de limiter ce risque dans l’attente de nouvelles études épidémiologiques ». Un risque qui n’a donc finalement pas été retrouvé dans la dernière étude d’Epi-phare.

Mais la situation reste toujours incertaine pour le diénogest (génériques de Visanne) : « Du fait de l’absence de remboursement du diénogest seul pendant la période d’étude et de la faible prévalence du diénogest associé à l’estradiol, il n'a pas été possible de conclure sur la présence ou l’absence de risque de méningiome associé au diénogest », a évoqué l'ANSM, qui estime que « des études complémentaires sur le diénogest, remboursé depuis 2020, sont à envisager ».

Ces nouvelles données auront des conséquences sur la prescription et la délivrance des trois progestatifs nouvellement concernés par le risque de méningiome : « Une réunion du comité scientifique temporaire portant sur les progestatifs s’est tenue le 28 juin 2023 afin de déterminer quelles mesures de protection des femmes doivent être prises concernant ces 3 progestatifs (promégestone, médrogestone, médroxyprogestérone) afin de réduire le risque de méningiome associé », évoque l’ANSM.

Charlotte Demarti

Source : lequotidiendupharmacien.fr