Dix ans de substitution générique

De nouveaux objectifs pour 2010

Publié le 07/01/2010
Article réservé aux abonnés
Dix ans après la reconnaissance du droit de substitution des pharmaciens, le marché des génériques a atteint des sommets. Cette réussite, malgré quelques signes récents d’essoufflement, est à attribuer aux pharmaciens d’officine. Retour sur une décade qui a bouleversé le marché hexagonal du médicament.
Le marché du générique s'est construit dans et autour de l'officine

Le marché du générique s'est construit dans et autour de l'officine
Crédit photo : S. toubon

NE COMPTER que sur soi ! Un principe que les pharmaciens d’officine auront clairement fait leur pour implanter et développer en France les génériques. Un principe gagnant, puisque, en dix ans, les copies de princeps ont dépassé le seuil des 22 % du marché des médicaments remboursables (plus de 11 % en valeur). La performance force le respect et fait d’ailleurs dire à Pascal Brière, président du GEMME (génériques, mêmes médicaments), l’association qui réunit la plupart des fabricants de médicaments génériques : « Depuis la reconnaissance du droit de substitution, en 1999, les officinaux ont joué un rôle particulièrement actif. »

L’implication des officinaux.

Un rôle qui fait de l’officinal l’acteur central du marché français du générique. Pour preuve, dans l’ensemble de l’Hexagone, le taux de substitution dépasse désormais 80 %. Une performance d’autant plus notable que, « dans aucun pays, ce taux n’excède les 85 % », ajoute Pascal Brière. En l’espace d’une décennie, la France a donc rattrapé l’essentiel de son retard sur ces principaux voisins européens. Elle est même devenue le troisième marché mondial du médicament générique, avec quelque 2,06 milliards d’euros en 2008 (2,27 milliards d’euros de novembre 2008 à octobre 2009).

Les pharmaciens peuvent être d’autant plus fiers de ce succès, qu’ils ont réalisé un véritable travail d’évangélisation. Et cette mission quotidienne de conviction semble avoir porté ses fruits. En 2008, Une enquête d’opinion réalisée par BVA avait ainsi révélé que plus de « huit patients sur dix se déclaraient favorables aux génériques ». Conséquence : « En 2007, le seuil des 85 % de substitution avait même été atteint dans certaines régions », rappelle Pascal Brière.

L’implication des officinaux incite d’ailleurs les industriels du secteur à considérer encore le pharmacien comme le principal levier pour faire progresser ce marché. Une appréciation somme toute logique, puisque « le marché du générique s’est construit dans et autour de l’officine ». D’où la nécessité de maintenir un différentiel de marge suffisamment motivant, pour que les officinaux trouvent toujours un intérêt à substituer. Le législateur ne s’y est d’ailleurs pas trompé, en augmentant le taux de marge avant, lorsque les marges arrières ont été supprimées.

Obtenir l’adhésion du public.

De même, la menace, un temps brandie, de la généralisation d’un tarif forfaitaire de référence (TFR), par Xavier Bertrand, en 2005, n’a-t-elle jamais été mise à exécution. Pas plus que celle d’un TFR à la classe, ou jumbo group, bien qu’elle figure dans les 26 propositions de la CNAM. En revanche, les pouvoirs publics ont pris conscience de la nécessité d’aider le pharmacien à obtenir l’adhésion du public. C’est ainsi que, en 2007, la mesure « tiers payant contre générique » est venue appuyer le travail de conviction réalisé au comptoir.

Une mesure qui laisse cependant la main au pharmacien et évite ainsi de faire de la délivrance de génériques une mesure contraignante. C’est sur la base du principe selon lequel « le volontariat doit rester la règle et l’obligation l’exception », qu’ont été signées les conventions entre l’Assurance-maladie et les représentants syndicaux de la profession. Une ligne de conduite qui est également suivie à l’égard des médecins, quand bien mêmes ceux-ci ne montreraient que peu d’enthousiasme à promouvoir les copies des princeps. Le rejet de l’amendement d’Yves Bur, lors du vote du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2010 est d’ailleurs révélateur, puisque la ministre de la Santé, elle-même, a souhaité « ne pas casser le dynamisme » des contrats d’aide à la performance individuelle (CAPI). En attendant une éventuelle convention tripartite - médecins-pharmaciens-assurance maladie – les syndicats de pharmaciens d’officine viennent de conclure avec l’assurance-maladie une nouvelle convention qui vise à maintenir, dans tous les départements, un taux de substitution supérieur à 80 % pour les molécules qui ont déjà perdu leur brevet et fixe des objectifs de substitution, médicament par médicament, pour les molécules récemment tombées dans le domaine public.

STÉPHANE LE MASSON

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2714