Le nirsevimab (Beyfortus, Sanofi), indiqué en prévention des bronchiolites à VRS chez tous les nourrissons, sera disponible à partir de mi-septembre en officine. Mais la procédure d'exception mise en place pour la distribution de ce médicament risque d’être compliquée… et sa délivrance mal rémunérée.
Les autorités de santé ont mis en place une procédure d’exception pour la distribution de Beyfortus, médicament indiqué en prévention des bronchiolites à VRS chez tous les nourrissons sans facteur de risque de forme grave, qui sera disponible à partir de mi-septembre en officine. Ce qui vient compliquer les choses. « Alors qu’une distribution simple, rapide et organisée via le circuit classique des grossistes-répartiteurs était proposée par les représentants de la profession, le ministère a préféré un schéma improvisé, complexe et contraignant via Santé publique France », déplore ainsi la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Autre souci : celui de la rémunération du pharmacien pour la délivrance de ce type de médicament. En effet, la direction de la Sécurité sociale (DSS) n’a toujours pas établi de cadre fixe permettant une réalisation pratique des commandes et une rémunération juste des professionnels pour la distribution des médicaments relevant du stock État. Ainsi, aucun prix n’étant, à l’heure actuelle, fixé pour le Beyfortus, la DSS fonde ses calculs sur un prix produit nul et propose donc une rémunération dérisoire de 4,11 euros pour le pharmacien. Ce qui, bien sûr, fâche la profession. « Le Conseil d’administration de la FSPF s’oppose à cette tarification, aussi inadaptée qu’injuste : non seulement, elle ne tient nullement compte du surcroît de travail pour le pharmacien mais, au surplus, elle se révèle largement inférieure aux 22 euros facturés pour le même acte par le pharmacien hospitalier à l’assurance-maladie, fait savoir le syndicat, qui estime qu’il n’appartient pas au réseau officinal de payer pour l’improvisation du ministère, tout en reconnaissant que ces conditions de distribution particulières, néanmoins répétées, sont évidemment nécessaires à la santé publique et à la protection des patients, mais qu’il est plus que temps qu’elles s’accompagnent d’un cadre fixe de commande et de rémunération pour les professionnels, dont le service au patient n’est ainsi que trop peu reconnu. »
La colère est tout aussi palpable au sein de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « S’agissant d’un médicament du stock Etat, le pharmacien n’a rien à régler lorsqu’il passe commande, bien entendu il ne bénéficie pas non plus de la marge dégressive lissée (MDL). Sa rémunération ne peut reposer que sur des honoraires », explique son président, Pierre-Olivier Variot. Dans ce cadre, la DSS a proposé d’appliquer les honoraires concernés, « donc à la boîte, à l’ordonnance et liés à l’âge, soit une rémunération de 3,11 euros dans un premier temps, revue à la hausse hier à 4,11 euros ». Une tarification qu’il juge lui aussi « non entendable » et il préfère, dans ce cas, que le gouvernement confie la dispensation de Beyfortus à l’hôpital, « qui, lui, applique un honoraire de rétrocession de 22 euros quel que soit le médicament ». Une solution qui coûterait beaucoup plus cher à l’assurance-maladie… La DSS doit se tourner vers le ministère de la Santé avant de revenir vers les deux syndicats.
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