Depuis plusieurs semaines, circulent blogs, tweets ou posts Facebook relayant de prétendues révélations sur la « dangerosité » du vaccin anti-Covid, qui seraient issues de documents Pfizer. Mais les informations que renferment ces documents ont été déformées et décontextualisées sur les réseaux sociaux par des antivax.
« On vous a vendu une efficacité de 95 % de l'injection, mais les #Pfizerdocuments révèlent 12 % d'efficacité sur les 7 premiers jours puis 1 % » , « les documents #Pfizer montrent que leur vaccin est déconseillé pour les femmes enceintes et allaitantes », « Pfizer savait que ses vaccins allaient tuer »… Voilà quelques-unes des innombrables publications qui pullulent en anglais, serbe, français, finnois, néerlandais ou allemand sur Internet. Mais ces affirmations sont bien loin de refléter la réalité. Démonstration.
« Les documents proviennent d’une fuite », c’est FAUX
Les internautes qui ont relayé ces informations affirment qu'elles ont fuité. Ce qui est totalement faux. Ces documents ont été rendus publics, mais après une procédure juridique classique de demande d’informations. En effet, l’agence américaine du médicament (FDA) publie de façon progressive des dizaines de milliers de pages relatives au vaccin de Pfizer/BioNTech autorisé à partir de fin 2020. Contrainte par une décision de justice, elle devait rendre publiques quelque 330 000 pages à raison de « plus de 12 000 pages » avant le 31 janvier 2022, puis « 55 000 pages tous les 30 jours », depuis du 1er mars.
Forcément, à chaque fournée de Pfizer documents, moult allégations trompeuses ressurgissent, bien que la plupart aient déjà été réfutées par des scientifiques du monde entier et fait l'objet de nombreux articles de vérification. Certaines sont bâties sur ces documents, d'autres sont de simples recyclages, affublées sur mot-clé #Pfizerdocuments pour leur assurer une viralité maximale.
« Dans les essais cliniques, 1 223 personnes sont décédées après vaccination », c’est FAUX
Un document de Pfizer fait état de 1 223 décès signalés parmi des personnes qui ont été vaccinées. C'est en rapportant ce chiffre au nombre total de signalements d'effets secondaires mentionnés (un peu plus de 42 000) que plusieurs internautes sont ainsi parvenus à la conclusion de « 3 % de mortalité liée à la vaccination ».
Mais on ne peut pas conclure ainsi. Le document en question fait état du nombre de signalements de pharmacovigilance chez les personnes vaccinées, rapporté au 28 février 2021 à l'échelle mondiale. Sur ces 42 000 signalements effectués par les autorités sanitaires de plusieurs pays à Pfizer, on note 1 223 décès, mais sans qu'un lien causal avec le vaccin ait été établi.
« L’efficacité du vaccin est de 1 % », c’est FAUX
Pfizer avait avancé à l'issue de ses essais cliniques une efficacité de son vaccin à 95 %, ce qui signifie que parmi les personnes vaccinées lors de l'essai clinique, celles qui ont reçu le vaccin ont eu un risque de développer la maladie inférieur de 95 % à celui du groupe qui n'ont pas reçu le produit (mais un placebo). Mais de nombreuses publications avancent d'autres chiffres, notamment « 1 % ».
Il y a en réalité deux façons de calculer le taux d'efficacité d'un vaccin :
- la réduction relative du risque RRR (les fameux 95 %) qui compare le risque d'infection d'un groupe vacciné par rapport au risque d'un groupe non-vacciné de même taille.
- et la réduction absolue du risque RAR, qui est égale à la différence entre le risque chez les sujets vaccinés et le risque chez les sujets sous placebo. La RAR, bien que statistiquement valable, est peu lisible et n’est pas utilisée par les chercheurs pour déterminer l’efficacité d’un médicament. Pour le vaccin Pfizer, la RAR tourne autour de 0,85 point. C'est de là que semble venir le chiffre de 1 % avancé par les internautes.
De plus, dans la vie réelle, plus de 10 milliards de doses de vaccin (toutes marques confondues) ont été administrées. Les études cliniques, les scientifiques indépendants et les autorités sanitaires continuent d'affirmer que l'efficacité reste élevée et le rapport bénéfices-risques largement favorable, même si en vie réelle, le taux d'efficacité est inférieur au taux de 95 % observé lors des essais.
« Le vaccin ne doit pas être utilisé chez les femmes enceintes et allaitantes », c’est FAUX.
Ces affirmations s’appuient sur une note du 8 décembre 2020 de l'Agence britannique du médicament (MHRA), dans laquelle il est effectivement écrit que « le vaccin de Pfizer n'est pas recommandé pendant la grossesse » et « ne doit pas être utilisé pendant l’allaitement ». Mais il est expliqué que ces précautions sont dues au manque de données à ce moment-là. Et pour cause, les essais de phase 3 du vaccin ont exclu les femmes enceintes, ce qui est connu depuis le début. Aujourd’hui, des études sur des femmes enceintes ont été menées et ont révélé que les vaccins à ARNm ne présentent aucun risque pour les mères ou les bébés, comme l’a déclaré l'Agence européenne des médicaments (EMA) en janvier 2022. La plupart des pays ont depuis non seulement autorisé la vaccination Covid pour les femmes enceintes, mais la recommandent en raison des risques particuliers du Covid pour cette population.
Avec l'AFP.
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