L'Autorité de la concurrence a annoncé qu'elle rendrait « les conclusions de son enquête sectorielle consacrée à la santé » et notamment à la distribution des médicaments, ce jeudi 4 avril. L'ensemble des organisations professionnelles de l'officine rejette déjà d'une seule voix ce « brûlot ».
Les représentants des pharmaciens n'ont pas attendu la parution des conclusions de l'Autorité de la concurrence pour s'élever contre ce qu'ils considèrent déjà comme « un copié-collé de son précédent rapport » de décembre 2013. Ce matin, un communiqué commun aux sept principales organisations professionnelles* « dénonce les attaques répétées et infondées de l'Autorité de la concurrence au moment où la profession est en pleine évolution pour répondre aux besoins des patients sur tous les territoires ».
Selon le dernier texte que « Le Quotidien » a pu consulter (lire notre article « abonné »), l'Autorité de la concurrence appuie à nouveau en faveur de l'ouverture du capital des officines, « notamment aux grossistes-répartiteurs ». Selon la profession, « cette mesure détruirait le maillage officinal, remettrait en cause l'indépendance du pharmacien et serait responsable de la fermeture des officines de proximité ». Elle réaffirme que « les pharmacies d'officine n'ont pas besoin de capitaux extérieurs pour exercer leur profession » et qu'il s'agit là d'une « financiarisation inutile ».
Favorable à une libéralisation de la vente en ligne des médicaments, l'Autorité de la concurrence appelle également à lever certaines restrictions, appel repris à son compte par le Premier ministre Edouard Philippe le 5 mars dernier (lire notre article « abonné »). Les pharmaciens n'y voient qu'une main tendue aux « grandes plateformes Internet, championnes de l'optimisation fiscale et de la destruction d'emplois de proximité », alors qu'il n'y a pas de difficulté d'accès aux médicaments en France grâce à la répartition démo-géographique des officines. « Cette proposition n'a donc aucun sens et ne présente aucun intérêt pour les patients. »
Enfin, l'Autorité de la concurrence n'hésite pas à s'opposer à la vision défendue par la ministre de la Santé, en réclamant la vente en GMS et en parapharmacie des médicaments sur prescription médicale facultative, des dispositifs médicaux de diagnostic in vitro (DMDIV), des plantes médicinales inscrites à la pharmacopée et de certaines huiles essentielles, pour que ces produits soient disponibles à de meilleurs tarifs. Pourtant, « les prix des médicaments conseil en France sont de très loin inférieurs à la moyenne européenne », rappelle la profession. Pour améliorer le pouvoir d'achat, elle conseille à l'Autorité de la concurrence de se pencher sur la défense des structures d'achat des officines (CAP et SRA) actuellement « entravées par les pratiques anticoncurrentielles de certains fournisseurs » (lire notre article « abonné »).
*ANEPF, APR, CNGPO, Federgy, FSPF, UDGPO, USPO
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