« PORTÉ par les déremboursements intervenus depuis 2004 et les innovations produits - qui contribuent pour 73 % à la croissance du marché - le marché de l’automédication est en hausse, tant en valeur qu’en volume, depuis plusieurs années », note Magali Affre, consultante chargée de l’étude d’Eurostaf.
Le chiffre d’affaires 2008 du marché de l’automédication réelle est de 1,9 milliard d’euros et celui du marché de l’automédication stricte* de 1,6 milliard (en prix public TTC). Mais, à périmètre constant, ce marché enregistre une baisse de 0,5 % en unités et 0,3 % en valeur. En effet, certains freins doivent encore être levés, comme la concurrence du semi-éthique remboursé, l’habitude de remboursement du patient, des prix parfois élevés ou la faible prescription de produits OTC par les médecins.
Pour autant, et malgré la « dégradation de l’environnement économique, le marché reste structurellement porteur ». D’abord parce qu’il est fortement encouragé par les pouvoirs publics. La mise en place du libre accès et les déremboursements successifs en sont la preuve. La loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) valorise le rôle du pharmacien dans le parcours de soins, acteur idéal pour la prise en charge du petit risque dans un contexte de désertification médicale.
La mise en œuvre du libre accès par les pharmaciens reste frileuse, à quoi s’ajoutent « la faiblesse de la liste des produits autorisés » actuellement et le retard du décret sur les centrales d’achat.
Le retour des « Big Pharma ».
« Le libre accès se met en place plus lentement et plus difficilement que prévu, d’abord pour un problème de place et d’agencement dans l’officine, sans compter les insatisfaits qui ont essayé, puis retiré, la zone libre accès. En revanche, la mesure est portée par les groupements de pharmaciens », note Magali Affre.
Quant aux « Big Pharma », elles réinvestissent aujourd’hui le marché. Le numéro un mondial, Pfizer, a d’abord cédé une soixantaine de ses marques en 2004 à Omega Pharma, puis a vendu sa division Consumer Healthcare en 2006 à Johnson & Johnson (J & J), se séparant de médicaments comme Nicorette, Hextril, Actifed ou Microlax, qui faisaient de lui le 2e acteur mondial du marché de l’automédication. Avec le récent rachat de Wyeth, Pfizer montre son intérêt pour les nouveaux relais de croissance que sont les vaccins et l’automédication. Seul J & J « développe depuis les années 1990 une vraie stratégie autour de l’automédication en choisissant de s’investir dans ce secteur moins coûteux en R & D et moins concurrencé par les génériques », relève l’étude Eurostaf. Ses concurrents sont amenés à revoir leur stratégie et les acquisitions se sont multipliées depuis 2006. En outre, en France « ils accompagnent le libre accès, et de nouvelles relations voient le jour entre laboratoires et pharmaciens », analyse Magali Affre.
Un intérêt économique.
Les raisons de croire en ce marché de l’automédication sont foison. Les pouvoirs publics y voient un intérêt économique fort dans le contexte du déficit abyssal de la Sécurité sociale. Ainsi, si ce ne sont que de rares déremboursements qui sont annoncés pour 2010, accompagnés de baisses de prix et de remboursement pour 145 millions d’euros d’économies, les mesures devraient être bien plus sévères en 2011 et 2012. Le décret sur les centrales d’achat, de juillet 2009, devrait permettre aux pharmaciens d’acheter l’OTC à meilleur prix. Le libre accès se met doucement en place mais continue sa progression et les assurances complémentaires s’impliquent de plus en plus dans le petit risque, incitant leurs bénéficiaires à soigner les maux bénins par l’automédication avec le conseil du pharmacien. Les laboratoires développent un véritable partenariat avec ce dernier pour mettre en avant leurs produits en échange de remises ou de services. Ils investissent dans leur gamme d’automédication, non seulement pour proposer un conditionnement plus adapté mais aussi à la recherche d’innovations. « Le marché de l’automédication sera soutenu par le lancement de produits, type Alli en 2009, ou de la version OTC du pantoprazole, fin 2009, dont les effets se feront logiquement ressentir en 2010. Néanmoins, sans ces lancements, la tendance naturelle du marché serait de l’ordre de -2 %. »
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