UN MALADE sur deux ne suit pas bien son traitement. Les raisons sont multiples. Béatrice Clairaz, élue URPS pharmaciens d’Île de France, distingue ainsi l’inobservance non-intentionnelle et l’intentionnelle. Dans le premier cas, c’est par exemple un malade hypertendu qui ne prend pas son traitement quand sa tension est bonne. Dans la seconde catégorie, on peut classer les patients dont la prise du traitement n’est pas adaptée à son rythme de vie (travail de nuit…). Il y a aussi la non-observance consécutive à une mauvaise expérience médicale, comme « les patients schizophrènes traumatisés par l’injection parfois musclée de médicaments en urgence », explique en substance le Dr Guy Gozlan, psychiatre. Le défaut d’observance peut aussi être la conséquence d’un manque d’information du malade. « Environ 70 % des patients n’ont pas compris leur traitement à l’issue de la consultation médicale », souligne ainsi Geoffroy Vergez, directeur général de la société Observia, qui propose des outils pour améliorer l’observance. Observia a notamment participé à une expérimentation d’envoi de SMS à des malades de cardiologie traités par acétylsalicylate de lysine, à l’hôpital de la Timone, à Marseille. Résultat : Grâce à ce dispositif « nous avons réussi à réduire la non-observance de moitié à 30 jours », indique Geoffroy Vergez. En Basse-Normandie, des pharmaciens ont, eux, testé l’influence de la PDA** sur l’observance des patients polymédicamentés de 75 ans et plus, vivant à leur domicile. Sans la PDA, le taux de suivi des traitements des patients inclus dans l’étude s’élevait à 71 %. Dès le premier mois de recours à la PDA, ce taux est passé à 98 %, se félicite Claude Baroukh de l’URPS pharmaciens de Basse-Normandie, qui souligne que les officinaux participants à l’opération ont été rémunérés 1 euro par jour et par patient.
Au-delà d’outils, l’amélioration du suivi des traitements passe aussi par un meilleur dialogue entre les professionnels de santé. « L’observance, c’est l’affaire de tous », estime ainsi Jean Jules Mortéo, président de l’URPS infirmiers d’Ile-de-France, qui défend l’idée d’un « dossier patient partagé », élément essentiel, selon lui, d’une meilleure coordination entre professionnels. « Nous avons tous des messages à délivrer, précise-t-il. Si le patient ne comprend pas celui délivré par le médecin, il pourra comprendre celui de l’infirmier ou du pharmacien. » Béatrice Clairaz ne dit pas autre chose. « Une des priorités est d’apprendre à travailler ensemble, chacun ayant son rôle autour du patient », affirme la pharmacienne. « Il n’y a pas une méthode d’observance, mais une observance adaptée à chaque patient et s’appuyant sur des outils », conclut pour sa part Renaud Nadjahi, président de l’URPS pharmaciens d’Ile-de-France.
**Préparation des doses à administrer.
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