Trop facilement comparés à des génériques, alors qu’ils ne sont pas « identiques », mais similaires aux médicaments biologiques dont les brevets ont expiré, les biosimilaires font aussi l’objet de procédures de mise sur le marché bien plus lourdes que les génériques avec, notamment, le renouvellement de tous les essais de phase III. En outre, ils ne sont pas substituables.
Il n’en reste pas moins que ces produits déroutent les médecins, constatent de nombreuses études menées auprès des prescripteurs. Pour Marie Christine Rybarczyk-Vigouret, responsable de l’Observatoire régional du médicament (OMEDIT) de l’ARS du Grand Est, le manque d’information allié à des craintes infondées entrave la progression des biosimilaires, dont la qualité est pourtant particulièrement contrôlée. De plus, souligne-t-elle, leur risque n’est pas lié à leur caractère de biosimilaire, mais à leur nature biologique… risque identique quel que soit le médicament biologique, original ou non.
Un marché de 3,9 milliards d'euros en ville
Actuellement, les biosimilaires ne représentent que 2,2 % du marché des médicaments biologiques, qui atteignait 3,9 milliards d’euros en ville et 2,1 milliards à l’hôpital l’an dernier. Pour améliorer cette part, les autorités vont largement encourager leur prescription et combattre les résistances des médecins, notamment par l’information. C’est ce que font déjà les pharmaciens et les pharmacologues du CHU de Strasbourg, qui estiment que les médecins de l’établissement « sont en train de répondre favorablement à ces incitations ».
À l’officine, même si la moitié des pharmaciens a déjà délivré au moins une fois un biosimilaire, ces médicaments restent rares, voire exceptionnels. Animant, lors de cette journée, un atelier sur les biosimilaires en officine, le président de l’Ordre régional des pharmaciens, Christian Barth, a appelé ses confrères à se préparer aux « arrivées massives de biosimilaires dans les officines », car beaucoup de médicaments biologiques arrivent en fin de brevet. Selon lui, les biosimilaires pourraient, dans quelques années, représenter « 20 % du chiffre d’affaires des officines ».
Pour que cette évolution soit un succès, les pharmaciens doivent mieux se former à la délivrance de ces produits. Le biosimilaire ne doit pas devenir, comme le générique il y a quelques années, un sujet de discorde entre les prescripteurs et les pharmaciens, et encore moins véhiculer l’image négative d’un « médicament au rabais ». Pour cela, il faudra que tous les professionnels parlent d’une même voix.
En outre, comme l'ont montré les échanges entre pharmaciens, ceux-ci pourraient mettre en avant leurs compétences pour aider, de manière officielle, les patients à bien prendre ces médicaments qui restent, originaux ou non, complexes et onéreux. Selon Naceur Elkotti, installé à Strasbourg, plutôt que de laisser les laboratoires informer et former les patients, ce sont les pharmaciens qui devraient développer cette mission, par exemple sous forme d’entretiens comme ils le font pour les AVK et l’asthme : « sur un médicament à 6 000 euros, tout le monde gagne à ce que l’administration soit parfaite, ce qui justifie de rémunérer le pharmacien pour cette activité », a-t-il estimé.
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