Addiction aux opioïdes : l'accès au Buvidal est-il trop restreint ?

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Publié le 04/11/2021
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Si l'on est bien loin des chiffres observés aux États-Unis - 400 000 morts entre 1998 et 2018 selon les Centres de contrôle des maladies (CDC) - la surdose d'opioïdes tue également de plus en plus en France. Face à cette situation, les addictologues réclament notamment un meilleur accès au Buvidal, une spécialité injectable.

C'est un sujet dont on parle relativement peu en dehors des États-Unis. Pourtant, 5 000 personnes sont mortes d'une surdose d'opioïdes en 2019 en Europe. Un chiffre en augmentation de 3 % par rapport à l'année précédente. La France n'est pas épargnée, preuve en est, les hospitalisations et les surdoses mortelles (503 décès recensés en 2020) ont été multipliées par trois en l'espace de 10 ans. Pour alerter et tenter de trouver des solutions pour enrayer cette dynamique, les députés Caroline Abadie (LREM - Isère) et le Dr Cyrille Isaac-Sibille (MoDem – Rhône) ont organisé le 2 novembre un colloque à l'Assemblée nationale auquel « Le Quotidien du médecin » a pu assister.

Un événement qui a notamment permis d'aborder la question de l'accès au Buvidal, un traitement de substitution à base de buprénorphine, injectable de manière hebdomadaire ou mensuelle et à libération prolongée. Une nouvelle option thérapeutique, disponible en France depuis le mois de juillet, et dont les résultats sur le terrain semblent particulièrement prometteurs. Le Buvidal offre notamment une meilleure stabilité de la concentration sanguine par rapport à la forme orale. Il permet d’éviter les oublis de prise et réduit les risques de surdose et les mésusages, soulignent les addictologues.

Problème, le Buvidal n’est délivrable qu’à l’hôpital et son utilisation est réservée à un usage professionnel. L’injection ne peut se faire qu'à l’hôpital ou en Centre de soins d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), l’auto-administration n’étant pas possible. Autre écueil : le financement. Les CSAPA « n’ont pas les budgets » pour cette prise en charge, déplore Arnaud Vesin, directeur de la société pharmaceutique Camurus France, fabricant du Buvidal. Ce traitement coûte en effet 360 euros par mois contre 40 euros pour les autres traitements de substitution aux opiacés. Alors que les chiffres montrent que la crise des opioïdes touche de plus en plus notre pays, les addictologues présents lors du colloque estiment qu'il est plus qu'urgent de faciliter l'accès à un médicament comme le Buvidal. 


Source : lequotidiendupharmacien.fr