« NOS RÉSULTATS suggèrent que la science de la prothèse a émergé dans la vallée du Nil. » Jacqueline Finch, chercheuse au Centre biomédical d’égyptologie de l’université de Manchester, en est persuadée, l’étude des deux prothèses égyptiennes qu’elle vient d’effectuer permet de remonter aux prémisses de la fabrication des prothèses médicales.
Jusqu’ici, la jambe artificielle conservée au Musée de la science de Londres était considérée comme la plus ancienne prothèse fonctionnelle connue. Cette réplique d’une prothèse en bois et en bronze retrouvée dans une riche sépulture romaine à Santa Maria di Capua Vetere (centre historique de Capoue) datant de 300 ans avant J.-C., a d’abord appartenu au Collège royal de chirurgie avant d’être détruite lors d’un bombardement en 1941. Sa reconstitution a pu être réalisée grâce notamment à la description détaillée laissée par Karl Sudhoff, spécialiste d’histoire de la médecine.
Selon Jacqueline Finch, au moins deux autres pièces pourraient prétendre au rang de plus anciennes prothèses jamais fabriquées par l’homme. La première, qualifiée « d’objet rare » par l’égyptologue Nicholas Reeves, est le « Gros orteil de Greville Chester », appelé ainsi en l’honneur du collectionneur qui a permis son acquisition par le British Museum de Londres en 1881. Cet orteil artificiel réalisé en papier mâché et recouvert de plâtre peint aurait été découvert à Thèbes (près de la ville actuelle de Louxor). Elle est considérée comme une reproduction habile du gros orteil du pied droit sur laquelle on devine encore la marque de ce qui pourrait être un ongle. Une datation la fait remonter à 600 ans avant J.-C.
Un pied diabétique.
La seconde prothèse a été découverte en 2000, dans la nécropole de Thèbes, sur une momie égyptienne datant de 950-710 ans avant J.-C. Le corps embaumé a été identifié comme étant celui d’une femme du nom de Tabketenmut, la fille d’un prêtre égyptien. Atteinte de diabète, elle aurait perdu son gros orteil droit à la suite d’une gangrène ischémique. La prothèse conservée au musée du Caire possède deux parties articulées en bois et une troisième en cuir. « Certains aspects importants de sa conception semblent indiquer que le sculpteur avait une bonne connaissance de l’anatomie et de la mécanique du pied », souligne Jacqueline Finch. Il aurait ainsi créé une charnière pour reproduire l’articulation métatarsophalangienne, placer un biseau pour empêcher tout frottement sur le scaphoïde ou encore réaliser une face inférieure aplatie pour assurer la stabilité de l’orteil. Tout comme ses découvreurs, Andreas Nerlich et coll., Jacqueline Finch estime que cette dernière prothèse pourrait figurer parmi les premiers appareillages utilisés pour remplacer un membre.
Pour s’en assurer, elle a recruté deux volontaires amputés du gros orteil droit. L’objectif était de tester les deux prothèses dans des conditions réelles d’utilisation. En effet, l’hypothèse d’une reconstitution d’un membre manquant par les embaumeurs ne pouvait être totalement écartée, tant la conservation de l’intégrité des corps des morts avant le voyage dans
l’au-delà revêtait une importance particulière dans l’Égypte ancienne.
Selon les résultats publiés dans « The Lancet » (12 février, vol. 377, p. 548-549), les deux prothèses étaient parfaitement fonctionnelles. Les volontaires qui les ont essayées lors de la marche avec des sandales – des reproductions d’anciennes chaussures égyptiennes – les ont jugées très efficaces et « confortables », en particulier la prothèse articulée en bois. Mieux encore, leur démarche a pu être analysée grâce à des capteurs de pression disposés sur le parcours. « Aucune augmentation significative de la pression au sol n’a été enregistrée », souligne la chercheuse. Une performance, lorsque l’on sait que le gros orteil doit porter 40 % du poids du corps et qu’il est responsable de la propulsion.
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